Il existe un site pirate d'articles scientifiques

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Alexandra Elbakyan est parfois surnommée la "Robin des Bois de la science". Constatant les prix exorbitant appliqués par les éditeurs pour avoir accès aux publications de recherche, cette jeune femme kazakh décida de les rendre en accès libre illégalement via son site SciHub. Elle est poursuivie dans plusieurs pays pour cela.


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Effectivement, Dirty Biologie en parle dans une de ses vidéos et il explique bien le problème.
Dans la recherche scientifique, même si les chercheurs détestent ce système (publication payante sur ces sites) ils ne peuvent pas s’en passer.

Pour comprendre le problème il faut comprendre pourquoi les chercheurs continuent à publier sur ces sites. Un chercheur ne gagne rien (en terme d’argent) a publier sur ces sites. Ils publient sur ces sites pour la « reconnaissance » que cela apporte.
Aujourd’hui (a moins de découvrir quelque chose qui vaux un prix Nobel), les recherches pour être validées et reconnues par les « pairs » doivent obligatoirement passer par ses revues scientifiques.
Un article publié dans la revue « Science » ou « Nature » n’aura pas le même impact que dans « Science et vie junior ».
Être publié dans « Nature » apportera une visibilité à toute la communauté scientifique et apporte un gage de qualité.
Le problème avec cela c’est que les éditeurs agissent comme une mafia.
Les recherches sont majoritairement financées par le domaine public (en gros les impôts), publier sur ce genre de revue coûte de l’argent aux chercheurs. Lire un article utile à sa recherche va également lui coûter de l’argent.
Le problème c’est que le chercheur ne paye pas avec son argent de poche mais avec son budget (donc de l’argent public).
L’état va donc payer le chercheur pour qu’il effectue sa recherche, il va également payer la publication mais aussi payer la lecture d’autres publications.
L’état paye trois fois pour la même chose et c’est là où est vraiment le problème, les éditeurs s’engraissent alors qu’ils n’apportent rien d’autre que de la reconnaissance. Le chercheur ne peut pas sortir de ce système car il est obligé de publier dans une grande revue pour avoir de la reconnaissance et des crédits pour continuer sa recherche...

On peut également ajouter un effet pervers de cela, c’est le coût qui augmente. Déjà que les universités européennes ont du mal à payer ce genre d’abonnement alors si on imagine les chercheurs africains (par exemple) qui ont beaucoup moins d’argent pour effectuer leurs recherches. Ils ne peuvent pas se permettre de payer les abonnements aux grandes revues.
Sans ce genre de site ils n’auraient aucun accès aux publications et ne pourraient pas continuer sereinement leurs recherches.

a écrit : Et il n’y aurait pas moyen pour elle de lancer sa propre maison d’édition en ligne ? En laissant tout gratuit. Ça aurait le mérite de rendre sa démarche légale.
Enfin, je n’y connais rien, mais cette solution me semble tellement évidente que j’ai l’impression que quelque chose m’échappe.
Si quelqu’un en sait plus ?
Il existe en effet certaines revues qui proposent leur contenu en accès libre. En France par exemple, OpenEdition est une initiative de plusieurs institutions de recherche française pour publier électroniquement des articles provenant de revues affilées. Dans le même ordre d'idée, HAL est aussi une plateforme où les chercheurs peuvent déposer les épreuves électroniques des articles publiés (mais restent soumis au "droit d'auteur", qui sont cédées aux éditeurs de revues lors de la publication...).

La difficulté de créer sa revue est la même que pour n'importe quel support de diffusion : l'audience ! Le modèle compétitif actuel impose aux chercheurs de publier dans des "revues classées", celles qui ont un "impact factor" le plus élevé. L'impact factor est un indice qui va en gros permettre de savoir si la revue est lue et si les articles publiés sont cités ailleurs ("preuve" que l'article intéresse la communauté). Créer sa propre revue nécessite d'abord de s'assurer d'avoir suffisamment d'auteurs intéressés pour publier dedans, avoir suffisamment de rapporteurs prêts à commenter les articles soumis, avoir aussi des éditeurs prêts à sélectionner les articles soumis et approuvés par les rapporteurs, un ou deux employés pour vérifier la mise en forme et l'indexation électronique... Bref, c'est un projet collectif. Rare sont les nouvelles revues à devenir des références en un rien de temps, il faut faire ses preuves avant, et face à des champions qui écrasent la concurrence, c'est un projet peu réalisable !

Je lui dis juste merci, car certaine fois j'en avais vraiment besoin. Et aussi je pense aux chercheurs et jeunes chercheurs qui sont dans des pays où les financements pour la recherche sont dérisoires. Il faut rappeler aussi que la publication scientifique est une arnaque légale. Voir plusieurs articles à ce sujet en tapant "publication scientifique et arnaque". En arriver à devoir payer pour publier, puis payer pour y avoir accès, je vous raconte pas l'incohérence !

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a écrit : J'avoue que je suis un peu partagé sur cette anecdote... OK, la science, les connaissances, devraient être partagées plus facilement ; mais d'un autre côté on a les auteurs des recherches (on peut dire la même chose pour les livres, la musique, etc...), et eux doivent bien être rémunérés pour leurs travaux, non ? Dans le cas dont on parle, ce sont des "éditeurs" qui ont payé les auteurs... dans quelle mesure leurs investissements ne devraient pas logiquement être remboursés ?
Je n'ai pas vraiment la réponse ; je ne connais pas les rapports de % entre les auteurs et les éditeurs (ou producteurs) et le coût final pour le quidam intéressé. Il y aurait sûrement des "ajustements" à faire, mais aujourd'hui on peut logiquement dire que le site de cette femme, même s'il part d'un bon sentiment, met à mal la juste rémunération de l'auteur qui ne trouverait plus personne pour l'éditer, si ce genre de site était "libéré". Et c'est tout le système de recherche, de création, qui serait mis à mal.
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Pour avoir moi même été publié dans des revues scientifiques, je te confirme qu'il n'y a aucune rémunération pour les auteurs, cela nous coûte même de l'argent !
Je ne vois donc aucun problème à ce qu'on accède à mes travaux via ce site.
Pour en revenir au sujet, JLSD puisque j'utilise moi même scihub très régulièrement !

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a écrit : Il y a l’équivalent pour les revues juridiques (surtout anglophones) vu le prix auxquelles elles sont proposées lorsque son université n’est pas abonnée. C’est même ma professeur de droit public qui nous avait donné l’astuce ;-) Je veux bien le nom s'il te plaît !

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Pro tip : dans 95% des cas, un simple mail à l'un des auteurs du papier et il vous envoie son pdf gentillement avec souvent un petit commentaire sympa et un truc du genre "n'hesitez pass a revenir vers moi si vous avez besoin".

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a écrit : Les principaux FAI français n'ont plus le droit de proposer l'accès à ce site mais on peut contourner la barrière en passant par un VPN ou en changeant de DNS par exemple. Ceci dit, la plupart des universités utilisent d'autres FAI et ont accès à ce site (c'est le cas pour moi, Dieu merci !)
D'autres alternatives sont Libgen, ou demander une publication via le hashtag #ICanHazPDF sur twitter ou via son réseau.
Et pour savoir le pourquoi du comment ce site est né, je vous recommande la vidéo de DirtyBiology sur la mafia scientifique qui explique très bien le probleme.
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Tor est ton ami pour contourner les blocages des FAI

a écrit : Il y a l’équivalent pour les revues juridiques (surtout anglophones) vu le prix auxquelles elles sont proposées lorsque son université n’est pas abonnée. C’est même ma professeur de droit public qui nous avait donné l’astuce ;-) C'est quoi ???

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Cette anecdote me rappelle Aaron Swartz, jeune prodige qui a piraté la quasi-totalité du catalogue d'articles scientifiques JSTOR. Poursuivi en justice pour ce fait, il se suicidera un mois avant son procès.

fr.wikipedia.org/wiki/Aaron_Swartz

Paix à son âme.