Chez la fourmi Messor ibericus, la reine possède une particularité unique : elle est capable de pondre des œufs de 2 espèces différentes ! En s’accouplant avec les mâles de sa propre espèce, elle produit des reines, mais elle peut aussi s'accoupler avec les mâles d’une autre espèce (M. structor) : elle met alors au monde des ouvrières.
Enfin, sans mâle, elle peut aussi produire une nouvelle génération de mâles de chacune de ces deux espèces.
Commentaires préférés (3)
C'est fascinant. Pour ceux qui comme moi ont du mal à appréhender ce qui se passe :
-La reine ibericus ne possède que le patrimoine génétique permettant de faire d'autres reines ibericus ou des mâles ibericus. Pour ça elle s'accouple avec des mâles ibericus.
Là on a une reproduction assurant la lignée de l'espèce ibericus.
-Elle s'accouple avec des mâles structor pour avoir accès au patrimoine génétique de structor et peut ainsi mettre au monde des ouvrières hybrides structor/ibericus. Et si nécessaire elle peut donner naissance a des mâles 100% structor, en essence elle les clones.
Là on a une reproduction assurant la main d'oeuvre.
Ce qui est fou c'est que leur dernier ancêtre commun date d'il y a 5 million d'années. (Il faut comprendre que la lignée génétique des reines ibericus n'a aucun adn structor).
Pour faire un parallèle osé, ibericus utilise structor comme main d'oeuvre, comme les humains utilisent le boeufs comme main d'oeuvre. Simplement dans un cas il y a mélange d'adn garantissant la loyauté, dans un autre cas c'est le dressage.
Mon anecdote a été très remaniée par SCMB. Jusqu’à occulter des parties qui m’ont paru essentielles, comme par exemple la faculté de cette fourmi d’éliminer complètement la part d’ADN du géniteur pour n’utiliser que son propre patrimoine génétique et se cloner. Si on fait une comparaison avec l’humain, ça veut dire qu’une maman pourrait avoir des relations sexuelles avec un papa, mais décider ensuite que le patrimoine génétique du papa sera totalement occulté pour se cloner elle-même. C’est juste dingue. 
Messor ibericus vit sur tout le pourtour Méditerranéen depuis le Sud de la Péninsule Ibérique, le Sud-Est de la France, la Suisse, passe par l'Italie et continue jusqu'à la Grèce. Messor structor vit plus au Nord, dans une frange géographique partant des plaines de Bulgarie et Roumanie, et se terminant en Suisse et Sud-Est de la France, ces deux lieux étant les seuls où les deux espèces se côtoient.
Bien que les deux espèces se sont séparées il y a quelque cinq millions d'années, les myrmécologues ne s'aventurent pas à avancer un temps (milliers ou dizaines de milliers d'années ? Millions ?) depuis lequel Messor ibericus a inventé cette stratégie de reproduction... ni dans quel but, d'ailleurs, bien qu'il y en a probablement un, voire plusieurs.
En tout cas, ce Concept de reproduction est nouveau -et semble même inédit dans tout ce qui est connu en Biologie-, tant est-il qu'il a fallu inventer le terme "xenoaccouchement", pour le définir.
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C'est fascinant. Pour ceux qui comme moi ont du mal à appréhender ce qui se passe :
-La reine ibericus ne possède que le patrimoine génétique permettant de faire d'autres reines ibericus ou des mâles ibericus. Pour ça elle s'accouple avec des mâles ibericus.
Là on a une reproduction assurant la lignée de l'espèce ibericus.
-Elle s'accouple avec des mâles structor pour avoir accès au patrimoine génétique de structor et peut ainsi mettre au monde des ouvrières hybrides structor/ibericus. Et si nécessaire elle peut donner naissance a des mâles 100% structor, en essence elle les clones.
Là on a une reproduction assurant la main d'oeuvre.
Ce qui est fou c'est que leur dernier ancêtre commun date d'il y a 5 million d'années. (Il faut comprendre que la lignée génétique des reines ibericus n'a aucun adn structor).
Pour faire un parallèle osé, ibericus utilise structor comme main d'oeuvre, comme les humains utilisent le boeufs comme main d'oeuvre. Simplement dans un cas il y a mélange d'adn garantissant la loyauté, dans un autre cas c'est le dressage.
Mon anecdote a été très remaniée par SCMB. Jusqu’à occulter des parties qui m’ont paru essentielles, comme par exemple la faculté de cette fourmi d’éliminer complètement la part d’ADN du géniteur pour n’utiliser que son propre patrimoine génétique et se cloner. Si on fait une comparaison avec l’humain, ça veut dire qu’une maman pourrait avoir des relations sexuelles avec un papa, mais décider ensuite que le patrimoine génétique du papa sera totalement occulté pour se cloner elle-même. C’est juste dingue. 
Messor ibericus vit sur tout le pourtour Méditerranéen depuis le Sud de la Péninsule Ibérique, le Sud-Est de la France, la Suisse, passe par l'Italie et continue jusqu'à la Grèce. Messor structor vit plus au Nord, dans une frange géographique partant des plaines de Bulgarie et Roumanie, et se terminant en Suisse et Sud-Est de la France, ces deux lieux étant les seuls où les deux espèces se côtoient.
Bien que les deux espèces se sont séparées il y a quelque cinq millions d'années, les myrmécologues ne s'aventurent pas à avancer un temps (milliers ou dizaines de milliers d'années ? Millions ?) depuis lequel Messor ibericus a inventé cette stratégie de reproduction... ni dans quel but, d'ailleurs, bien qu'il y en a probablement un, voire plusieurs.
En tout cas, ce Concept de reproduction est nouveau -et semble même inédit dans tout ce qui est connu en Biologie-, tant est-il qu'il a fallu inventer le terme "xenoaccouchement", pour le définir.
À fond pour la reproduction sociale la ptite bête.
Dans ADN, le terme nucléique n'est-il pas égal au sens biologique de nucléaire ?
Dans le monde des fourmis, la fécondation est haploïde/diploïde. La fécondation haploïde donne toujours des mâles (ce sont eux qui féconderont les futures Reines de cette espèce) , et la fécondation diploïde donne des femelles, qui seront fécondées par leurs frères.
Ce qui a été constaté chez Messor ibericus -et qui semble inédit- c'est que la Reine est capable de pondre des œufs haploïdes qui auraient donc dû être des copies/clones d'elle-même en version mâle", mais où elle retire son ADN ibericus, pour le remplacer par celui de structor.
En fait, ceci est logique, car c'est en produisant ces mâles structor, que Messor Ibericus arrive à contourner l'obstacle géographique de ne pas y avoir de mâles Structor (issu de fourmilières structor) à proximité. (Lire ou relire mon commentaire à propos des répartitions géographiques des fourmilières ibericus et structor en Europe).
“Les analyses génétiques (microsatellites et séquençage du génome entier) ont montré que les ouvrières de M. ibericus portent un génome hybride, issu à la fois de leur mère M. ibericus et du père M. structor. En revanche, les reines nouvellement produites ne portent que le génome maternel, le génome paternel étant systématiquement éliminé au cours du développement embryonnaire […] Nos analyses révèlent que ce système repose sur un mécanisme reproductif asymétrique : les ouvrières sont obligatoirement hybrides, assurant la force de travail de la colonie. Les reines sont des copies génétiques de leur mère, sans contribution génétique du mâle.”
www.nature.com/articles/s41586-025-09425-w