Pour ciseler sa prose, Gustave Flaubert utilisait une salle conçue à cet effet. Il s'agissait du "gueuloir", salle dans laquelle il "gueulait" ses textes. Ainsi hurlés, les textes qui n'étaient pas parfaits en terme de fluidité apparaissaient rapidement, ce qui permettait à l'écrivain de corriger le tir.
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Pour réussir un roman, on essaie de choisir la meilleure histoire pour la raconter du mieux que l'on peut.
Pour Flaubert, il ne faut pas se focaliser sur l'événementiel, sur l'histoire mais sur le Style. Peu importe l'histoire et même mieux, pourquoi ne pas écrire un livre sur Rien, livre qui pourrait alors se concentrer uniquement sur le Style ?
Voilà posée la grande idée de Flaubert qui va consacrer sa vie au Style.
Il va donc passer des heures voire des jours sur une simple phrase, un simple mot.
Vivant avec sa maman à Croisset (elle au Rez de chaussée et lui a l'étage), il vit en véritable moine se consacrant entièrement à son art. Assez exubérant (il est grand et imposant), il étonne souvent ses convives. Et lors des lectures qu'il fait à ses amis, il crie, il gueule ses textes. Il raconte donc que pour s'assurer de l'impact qu'aura sa phrase, il la crie dans sa pièce, son gueuloir. Nous sommes donc ici plus dans la légende de ce grand écrivain que dans la vérité. Nul doute que Flaubert ne hurlait pas ses textes, ne serait-ce que pour ne pas inquiéter sa maman !
L'œuvre de Flaubert se savoure donc dans l'appréciation du Style. Flaubert va varier ses structures, ses rythmes . Jamais deux phrases ne vont se suivre en ayant la même construction grammaticale. Et ses œuvres ne vont pratiquement rien raconter...
Madame Bovary sera l'histoire d'une romantique qui sera dépassée par la réalité. Certains y verront la mort du romantisme et le triomphe du réalisme. L'Education sentimentale ne racontera pas l'amour du jeune Frédéric Moreau envers madame Arnoux puisque cet anti héros ne fera jamais rien.pour lui dévoiler son amour. Dans Bouvard et Pecuchet, deux copistes vont se plonger dans les grandes passions des hommes (littérature, sciences, religions, physique, agriculture etc.) pour conclure que l'homme ne sait...rien.
À signaler que Flaubert avait comme amie Laure de Maupassant qui va lui présenter son jeune fils et lui demander de le former. Flaubert va mettre le jeune homme devant un arbre en lui demandant de trouver l'adjectif qui représente le mieux cet arbre. Et il va le laisser travailler... Maupassant vouera un véritable culte à son maître. Au point que le Horla débute le 8 mai dans la chambre de Flaubert avec la vue sur la Seine d'où Le reclus de Croisset pouvait la voir. Et Maupassant, n'aura jamais aucun problème pour trouver l'adjectif qui convient pour raconter une histoire...