Une exoplanète potentiellement habitable pas si loin

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L'exoplanète au potentiel habitable la plus proche de la Terre, Proxima Centauri B, située à 4,2 années-lumière soit 40 000 milliards de km, pourrait être atteinte en 36 ans avec certaines techniques de propulsion à notre portée comme la fusion nucléaire. Une sonde pourrait même y parvenir en 25 ans, sachant qu'il faudrait encore patienter 4,2 ans après son arrivée pour obtenir les images.


Tous les commentaires (49)

a écrit : La prochaine fois que tu hésites à commenter, n’hésite pas ;)
Un plaisir de lire tout ça ! Je m’en vais le vérifier par des recherches mais tu m’as convaincu à priori sur certains sujets.
Il y a même matière à anecdoteS, dans ses coms.

a écrit : Il y a même matière à anecdoteS, dans ses coms. Oui pourquoi pas, c’est une bonne idée. Je laisse ça à d’autres car je n’ai plus du tout le temps ….
Allez c’est tout pour moi. A la revoyure !

a écrit : Oui pourquoi pas, c’est une bonne idée. Je laisse ça à d’autres car je n’ai plus du tout le temps ….
Allez c’est tout pour moi. A la revoyure !
Je passe le relais à @Nico.
Il s'y connais mieux que moi en bricolage.

....À moins que @Seraphin veuille s'atteler.

a écrit : Il y a deux choses qui me font tiquer dans cette anecdote, d'une part les exoplanètes potentiellement habitables, et d'autre part la propulsion à fusion nucléaire. Attention ça risque d'être un très long commentaire.

Déjà, Proxima Centauri b (et non B) est une découverte très intéressante, j
e ne dénigre pas le long travail des scientifiques sérieux qui l'ont découverte et confirmée. Le problème c'est quand des journaux soit-disant scientifiques comme science et avenir jouent sur le mot "potentiellement" pour générer des clics au détriment de faire leur travail d'éducateurs scientifiques. Proxima Centauri b est-elle habitable ? Ce n'est pas totalement exclu mais à 99% de chances, non. Donc dire "potentiellement habitable" c'est techniquement correct mais très trompeur et un peu malhonnête.

Résumons brièvement Proxima Centauri b. C'est une planète de masse et de taille comparables à la terre, qui orbite dans la zone habitable de son étoile, laquelle n'est absolument pas une étoile comparable au Soleil. Et c'est ce dernier point qu'omettent systématiquement tous les journaux "scientifiques" grand public sur internet. Expliquons.

De taille et de masse comparable à la Terre, pas besoin d'explication. Zone habitable, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que la planète est située à une distance appropriée de son étoile pour que la température de surface permette l'existence d'eau liquide, qui est l'élément indispensable à la vie telle qu'on la connaît sur Terre. Plus l'étoile est petite et chaude, plus la planète doit être située proche de son étoile, plus elle est grande et chaude plus il faut éloigner votre exoplanète pour qu'elle supporte de l'eau. Et c'est ça qui fait toute la différence. Parce que aujourd'hui, avec nos meilleurs télescopes, on ne sait pas discerner une planète de taille Terre en orbite autour d'une étoile de taille Soleil. La méthode qu'on utilise c'est en gros regarder "l'ombre" que fait une planète en passant devant son étoile. Et une Terre sur un Soleil fait une beaucoup trop petite ombre, vue de plusieurs années lumière, pour qu'on la détecte. Le Soleil est énorme, la Terre trop petite. Pour pouvoir observer une planète similaire à la nôtre, il faut qu'elle soit beaucoup plus proche de son étoile et que cette étoile soit bien plus petite. Ce qui est le cas de Proxima Centauri b.

Ok, alors pourquoi ça pose problème ? Après tout, si elle est plus proche d'une étoile moins chaude, la température de surface pourrait être la même, non ? En théorie oui. Le problème c'est qu'en général quand une planète orbite très près de son étoile, ou une lune très près de sa planète, elle a tendance avec le temps à se retrouver en verrouillage gravitationnel avec son étoile ou sa planète-mère. Ce que ça veut dire concrètement c'est que comme c'est le cas pour notre Lune, c'est toujours le même côté qui est face au corps parent (planète ou étoile). Concrètement, imaginez la Terre en verrouillage gravitationnel autour du Soleil, où il ferait toujours jour en Amérique, toujours nuit en Asie, et où notre bonne vieille France serait dans un crépuscule permanent. Les différences de température seraient plus qu'extrêmes. La Nuit serait tellement froide que l'atmosphère s'y liquiéfierait. La météo serait plus qu'extrême partout sur la planète. Si tant est qu'il y ait une atmosphère : privée de rotation, la Terre perdrait rapidement son champ magnétique et graduellement son atmosphère. Cela est d'autant plus vrai pour Proxima Centauri b dont l'étoile a une météo plus capricieuse que notre bon vieux soleil.

Donc oui c'est un caillou fascinant qui laisse penser que l'univers est sûrement plein de cailloux, et rien que ça c'est extrêmement important. Mais c'est sûrement qu'un caillou, qui n'a probablement pas d'atmosphère habitable, soit une atmosphère extrême comme Vénus soit pas d'atmosphère du tout, pas d'eau liquide et pas de vie.
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Une zone habitable de la planète pourrait se trouver sur le terminateur de cette planète, hormis le manque magnétosphère et des colères de l'étoile bien évidemment, non ?

a écrit : Maintenant, la fusion nucléaire comme moyen de propulsion. C'est moins quelque chose qui me dérange et c'est toujours intéressant d'en parler, mais comme certains l'ont remarqué on ne maîtrise pas vraiment la fusion aujourd'hui, pas sur Terre pour faire de l'électricité et encore moins pour faire un moteur dans un vaisseau spatial. Alors pourquoi ne pas parler de quelque chose qu'on sait faire et même plutôt bien : la fission nucléaire.

Hé oui, en vrai la fission c'est déjà sacrément plus énergétique que de brûler des combustibles fossiles, et du coup, il y a des concepts potentiellement très efficaces et absolument dingos pour utiliser la fission dans un moteur spatial.

Comme pour la fusion, la propulsion thermique (chauffer de l'hydrogène) est possible, et comme pour la fusion ce n'est pas le concept le plus fou ou intéressant. À noter cependant qu'elle est déjà plus efficace que des moteurs fusée classiques et vraiment à portée de mains : un prototype a été testé avec succès dans les années 60.

Vous connaissez tous l'histoire de la fission, Fermi le fait par erreur, d'autres s'aperçoivent de son erreur et la reproduisent, certains suggèrent une nouvelle source d'énergie et les américains en font une bombe. Le truc marrant c'est que presque immédiatement les scientifiques à Los Alamos se sont demandés si on pourrait pas utiliser ces bombes pour propulser un vaisseau, en le faisant "surfer" sur des explosions atomiques. En 1958 un vrai projet d'étude nommé Orion a été lancé et a conclu que oui, c'est possible, et même pas si dur que ça sur le papier. Bien sûr, dans la réalité c'est impossible à cause d'autant de problèmes géopolitiques que de santé publique et d'ingénierie mais sur le papier ça marche c'est super efficace et complètement dingue. Il est assez raisonnable de dire que si toute l'humanité s'était mise d'accord pour en faire un objectif prioritaire on serait des millions à vivre sur Mars aujourd'hui. Et il est aussi raisonnable de dire que jamais l'humanité n'aurait été d'accord pour entreprendre ça.

Pour continuer dans la veine des projets un peu fous, voici le réacteur à eau salée nucléaire, aussi appelé "Flying Chernobyl". En gros vous chargez de l'eau avec des sels d'uranium, et cette eau est ensuite dirigée vers une chambre de réaction où elle se retrouve en contact avec encore plus d'uranium et bombardée de neutrons, ce qui provoque sa fission de l'uranium dissout dans l'eau et fait bouillir celle-ci de façon extrêmement rapide et violente. En gros c'est de cette manière que l'eau contenue dans le réacteur à Tchernobyl a décidé de lancer ledit réacteur dans les airs. Et pour rester fidèle au thème de Tchernobyl vous feriez littéralement pleuvoir de l'uranium et des produits de fission sur votre site de lancement ce qui est quand même un gros plus.

Pour finir la méthode numéro 1 que je choisirai si on me demandait de concevoir une mission interstellaire aujourd'hui : la propulsion à fragments de fission. C'est un concept relativement simple de fission, qu'on peut faire avec les moyens d'aujourd'hui et qui peut rivaliser en termes d'efficacité avec beaucoup de concepts de moteurs à fusion. En gros, l'idée c'est d'utiliser directement les produits d'une fission nucléaire comme masse de réaction, c'est à dire de les jeter en arrière très très vite en utilisant l'énergie qui leur est conférée par la réaction de fission, pour que le vaisseau avance vers l'avant. Il y a deux concepts pour orienter ces produits de fission vers l'arrière du vaisseau, soit simplement en les canalisant par une barrière physique, soit en utilisant des champs magnétiques, étant donné que les produits de fission sont ionisés par la réaction. Ce dernier concept pourrait même utiliser des combustibles non fissibles mais qui se désintégrent naturellement. La poussée serait ridiculement faible mais l'efficacité ridiculement haute. Avec une toute petite quantité de combustible le vaisseau pourrait donc accélérer pendant très longtemps jusqu'à atteindre des vitesses folles. Pour moi, qui précisons le n'y connait rien, c'est le mode de propulsion le plus prometteur à l'heure actuelle pour l'exploration du système solaire et même de premières missions interstellaires. Si vous voulez lancer un vaisseau générationnel qui va passer 150 ans dans l'espace pour aller coloniser une étoile proche, il y a probablement des gens qui aujourd'hui si vous leur donnez le budget peuvent commencer la construction en orbite dès que Starship est opérationnel. Le budget est probablement une bonne part du PIB mondial pour lancer tout ça en orbite mais c'est technologiquement faisable.
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La propulsion nucléaire pulsée à dépassé le stade du papier si on en croit la vidéo ci-dessous sur le projet Orion:
youtu.be/njM7xlQIjnQ

a écrit : Je passe le relais à @Nico.
Il s'y connais mieux que moi en bricolage.

....À moins que @Seraphin veuille s'atteler.
Flemme de compacter ça en 300 caractères mais si il y a un concept que vous trouvez intéressant, pas de copyright sur mes commentaires vous pouvez en faire une anecdote :)

a écrit : Une zone habitable de la planète pourrait se trouver sur le terminateur de cette planète, hormis le manque magnétosphère et des colères de l'étoile bien évidemment, non ? Si on estime que les tempêtes solaires et le manque de magnétosphère n'ont pas complètement soufflé l'atmosphère, c'est techniquement pas impossible. Pour être tout à fait clair on ne sait pas aujourd'hui si cette planète a une atmosphère, ce n'est pas exclu, pour moi il est plus probable qu'elle n'en ait pas, du moins pas une atmosphère similaire à la Terre, c'est pour ça que je citais Vénus par exemple avec son atmosphère trop épaisse pour être épuisée rapidement par le vent solaire. Mais je n'en sais rien c'est juste une spéculation, et les scientifiques plus compétents que moi ne peuvent pas non plus être sûrs avant d'avoir observé. Le problème est que les seuls exemples de planètes qu'on connait bien sont celles du système solaire, et ce n'est pas vraiment suffisant pour établir un modèle prédictif fiable capable de dire à quoi une exoplanète va ressembler.
Cela dit, si c'était bel et bien le cas que Proxima Centauri b ait une atmosphère, il faut se souvenir de l'écart de températures entre le jour et la nuit. On passe d'une zone où l'eau s'évapore instantanément à une où l'air lui-même se condense et devient liquide. Le terminateur serait probablement dans une tempête constante et ultra violente, la planète essayant d'équilibrer les différences de pression à l'échelle de l'atmosphère entière... Dans ce scénario (un peu improbable) la vie pourrait sans doute émerger au fond d'un océan mais en surface les conditions ne seraient pas idéales pour emmener votre partenaire passer un petit weekend romantique sur Proxima Centauri

a écrit : Si on estime que les tempêtes solaires et le manque de magnétosphère n'ont pas complètement soufflé l'atmosphère, c'est techniquement pas impossible. Pour être tout à fait clair on ne sait pas aujourd'hui si cette planète a une atmosphère, ce n'est pas exclu, pour moi il est plus probable qu�39;elle n'en ait pas, du moins pas une atmosphère similaire à la Terre, c'est pour ça que je citais Vénus par exemple avec son atmosphère trop épaisse pour être épuisée rapidement par le vent solaire. Mais je n'en sais rien c'est juste une spéculation, et les scientifiques plus compétents que moi ne peuvent pas non plus être sûrs avant d'avoir observé. Le problème est que les seuls exemples de planètes qu'on connait bien sont celles du système solaire, et ce n'est pas vraiment suffisant pour établir un modèle prédictif fiable capable de dire à quoi une exoplanète va ressembler.
Cela dit, si c'était bel et bien le cas que Proxima Centauri b ait une atmosphère, il faut se souvenir de l'écart de températures entre le jour et la nuit. On passe d'une zone où l'eau s'évapore instantanément à une où l'air lui-même se condense et devient liquide. Le terminateur serait probablement dans une tempête constante et ultra violente, la planète essayant d'équilibrer les différences de pression à l'échelle de l'atmosphère entière... Dans ce scénario (un peu improbable) la vie pourrait sans doute émerger au fond d'un océan mais en surface les conditions ne seraient pas idéales pour emmener votre partenaire passer un petit weekend romantique sur Proxima Centauri
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- T'embête pas avec ton brushing ^^

Du coup, s'il n'y a plus d'atmosphère, le problème n'existe plus. Faut juste apporter la sienne.

L'idée, séduisante, du terminateur a déjà été évoqué dans des œuvres de SF pour un "mercurissage", malgré que la planète ne soit pas verrouillée au soleil.

a écrit : Maintenant, la fusion nucléaire comme moyen de propulsion. C'est moins quelque chose qui me dérange et c'est toujours intéressant d'en parler, mais comme certains l'ont remarqué on ne maîtrise pas vraiment la fusion aujourd'hui, pas sur Terre pour faire de l'électricité et encore moins pour faire un moteur dans un vaisseau spatial. Alors pourquoi ne pas parler de quelque chose qu'on sait faire et même plutôt bien : la fission nucléaire.

Hé oui, en vrai la fission c'est déjà sacrément plus énergétique que de brûler des combustibles fossiles, et du coup, il y a des concepts potentiellement très efficaces et absolument dingos pour utiliser la fission dans un moteur spatial.

Comme pour la fusion, la propulsion thermique (chauffer de l'hydrogène) est possible, et comme pour la fusion ce n'est pas le concept le plus fou ou intéressant. À noter cependant qu'elle est déjà plus efficace que des moteurs fusée classiques et vraiment à portée de mains : un prototype a été testé avec succès dans les années 60.

Vous connaissez tous l'histoire de la fission, Fermi le fait par erreur, d'autres s'aperçoivent de son erreur et la reproduisent, certains suggèrent une nouvelle source d'énergie et les américains en font une bombe. Le truc marrant c'est que presque immédiatement les scientifiques à Los Alamos se sont demandés si on pourrait pas utiliser ces bombes pour propulser un vaisseau, en le faisant "surfer" sur des explosions atomiques. En 1958 un vrai projet d'étude nommé Orion a été lancé et a conclu que oui, c'est possible, et même pas si dur que ça sur le papier. Bien sûr, dans la réalité c'est impossible à cause d'autant de problèmes géopolitiques que de santé publique et d'ingénierie mais sur le papier ça marche c'est super efficace et complètement dingue. Il est assez raisonnable de dire que si toute l'humanité s'était mise d'accord pour en faire un objectif prioritaire on serait des millions à vivre sur Mars aujourd'hui. Et il est aussi raisonnable de dire que jamais l'humanité n'aurait été d'accord pour entreprendre ça.

Pour continuer dans la veine des projets un peu fous, voici le réacteur à eau salée nucléaire, aussi appelé "Flying Chernobyl". En gros vous chargez de l'eau avec des sels d'uranium, et cette eau est ensuite dirigée vers une chambre de réaction où elle se retrouve en contact avec encore plus d'uranium et bombardée de neutrons, ce qui provoque sa fission de l'uranium dissout dans l'eau et fait bouillir celle-ci de façon extrêmement rapide et violente. En gros c'est de cette manière que l'eau contenue dans le réacteur à Tchernobyl a décidé de lancer ledit réacteur dans les airs. Et pour rester fidèle au thème de Tchernobyl vous feriez littéralement pleuvoir de l'uranium et des produits de fission sur votre site de lancement ce qui est quand même un gros plus.

Pour finir la méthode numéro 1 que je choisirai si on me demandait de concevoir une mission interstellaire aujourd'hui : la propulsion à fragments de fission. C'est un concept relativement simple de fission, qu'on peut faire avec les moyens d'aujourd'hui et qui peut rivaliser en termes d'efficacité avec beaucoup de concepts de moteurs à fusion. En gros, l'idée c'est d'utiliser directement les produits d'une fission nucléaire comme masse de réaction, c'est à dire de les jeter en arrière très très vite en utilisant l'énergie qui leur est conférée par la réaction de fission, pour que le vaisseau avance vers l'avant. Il y a deux concepts pour orienter ces produits de fission vers l'arrière du vaisseau, soit simplement en les canalisant par une barrière physique, soit en utilisant des champs magnétiques, étant donné que les produits de fission sont ionisés par la réaction. Ce dernier concept pourrait même utiliser des combustibles non fissibles mais qui se désintégrent naturellement. La poussée serait ridiculement faible mais l'efficacité ridiculement haute. Avec une toute petite quantité de combustible le vaisseau pourrait donc accélérer pendant très longtemps jusqu'à atteindre des vitesses folles. Pour moi, qui précisons le n'y connait rien, c'est le mode de propulsion le plus prometteur à l'heure actuelle pour l'exploration du système solaire et même de premières missions interstellaires. Si vous voulez lancer un vaisseau générationnel qui va passer 150 ans dans l'espace pour aller coloniser une étoile proche, il y a probablement des gens qui aujourd'hui si vous leur donnez le budget peuvent commencer la construction en orbite dès que Starship est opérationnel. Le budget est probablement une bonne part du PIB mondial pour lancer tout ça en orbite mais c'est technologiquement faisable.
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Merci beaucoup Seraphyn pour ces précieux et délicieux commentaires qui transcendent l'anecdote !