Un glaçon dans un whisky peut faire avancer notre connaissance de l'histoire

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En 1965, le scientifique français Claude Lorius mit dans son whisky un glaçon issu d’une carotte glaciaire. En voyant des petites bulles s’échapper, il comprit que cet air pouvait révéler la composition de l’atmosphère il y a fort longtemps. Il en déduit qu’en creusant plus profond, on pourrait accéder à la mémoire du climat.


Commentaires préférés (3)

Quelle fiabilité peut-on accorder à un type qui met un glaçon dans son whisky?

La glace constituant les calottes du Groenland et de l'Antarctique, n'est que la lente et successive accumulation de neige s'étant compactée durant une longue période.

Ce qui a été découvert par Claude Lorius, c'est que chaque centimètre de glace composant une carotte extraite, peut tout autant parler que les cernes d'un tronc d'arbre: la composition des cristaux accumulés est distincte selon les saisons été-hiver de chaque année. Comptez ces cernes, et vous datez l'année de son dépôt.
Actuellement, le forage le plus profond révèle les pages de l'Histoire Climatique de notre planète d'il y a plus d'un million d'années.
Sans cette découverte "dendrochonologique", l'air enfermé dans chaque centimètre de glace extrait, aurait eu bien moins de valeur d'enseignement en paléoclimatologie.

L'air contenu dans les minuscules bulles, révèle à l'étude, sa composition isotopique et élémentaire. On y mesure l'Azote, l'Oxygène (dioxygène), l'Argon, le Krypton et le Méthane, qui sont les indicateurs du type de Climat régnant alors sur Terre, à une période précise.
Cumulant ces informations (date et composition de l'air), on peut alors dessiner un graphique révélant les périodes glaciaires et interglaciaires sur le dernier million d'années. Le dernier maximum glaciaire de notre planète, est assez clairement reflété dans ce "mille-feuille" gelé.

Les carottes glaciaires peuvent également révéler les éruptions volcaniques à des temps Historiques et Préhistoriques, au travers des composés expulsés dans l'atmosphère. Ceci permet par exemple de confirmer la météorologie capricieuse ou catastrophique d'une année donnée, et ayant conduit à des mauvaises récoltes et une Famine, consignées dans les chroniques d'Europe ou d'Asie. On peut même arriver à faire parler ces particules, révélant (pas toujours..) comme avoir été émises par un volcan concret.

Vu qu'il ne peut pas en être autrement, l'air extrait de ces couches récentes de carottes glaciaires, révèle l'aube de l'Ère Industrielle, puis la montée en crescendo des gaz à effet de serre. Cette courbe n'a absolument plus rien à voir avec la fourchette des fluctuations climatiques naturelles de ce dernier million d'années.

NB: tout comme les quelque 5000 autres commentaires que j'ai pu publier sur SCMB depuis six ans, celui-ci n'a PAS FAIT l'usage d'aide d'une IA.

Merci infiniment Epoxy de prendre le temps et de mobiliser vos précieuses ressources pour rédiger des commentaires aussi argumentés et précis. On ne pense pas forcément à vous montrer notre reconnaissance mais, sans vouloir parler au nom de tous, bien que je sois persuadée que beaucoup me rejoignent là-dessus, nous apprécions vos analyses.
Pour commenter l’anecdote : je trouve ça toujours fascinant les gens, a fortiori des scientifiques ou des personnes instruites, qui mangent directement ce qu’ils trouvent par terre. Ok la glace c’est censé être pur et le froid intense neutralise les germes mais quand même…


Tous les commentaires (17)

Quelle fiabilité peut-on accorder à un type qui met un glaçon dans son whisky?

La glace constituant les calottes du Groenland et de l'Antarctique, n'est que la lente et successive accumulation de neige s'étant compactée durant une longue période.

Ce qui a été découvert par Claude Lorius, c'est que chaque centimètre de glace composant une carotte extraite, peut tout autant parler que les cernes d'un tronc d'arbre: la composition des cristaux accumulés est distincte selon les saisons été-hiver de chaque année. Comptez ces cernes, et vous datez l'année de son dépôt.
Actuellement, le forage le plus profond révèle les pages de l'Histoire Climatique de notre planète d'il y a plus d'un million d'années.
Sans cette découverte "dendrochonologique", l'air enfermé dans chaque centimètre de glace extrait, aurait eu bien moins de valeur d'enseignement en paléoclimatologie.

L'air contenu dans les minuscules bulles, révèle à l'étude, sa composition isotopique et élémentaire. On y mesure l'Azote, l'Oxygène (dioxygène), l'Argon, le Krypton et le Méthane, qui sont les indicateurs du type de Climat régnant alors sur Terre, à une période précise.
Cumulant ces informations (date et composition de l'air), on peut alors dessiner un graphique révélant les périodes glaciaires et interglaciaires sur le dernier million d'années. Le dernier maximum glaciaire de notre planète, est assez clairement reflété dans ce "mille-feuille" gelé.

Les carottes glaciaires peuvent également révéler les éruptions volcaniques à des temps Historiques et Préhistoriques, au travers des composés expulsés dans l'atmosphère. Ceci permet par exemple de confirmer la météorologie capricieuse ou catastrophique d'une année donnée, et ayant conduit à des mauvaises récoltes et une Famine, consignées dans les chroniques d'Europe ou d'Asie. On peut même arriver à faire parler ces particules, révélant (pas toujours..) comme avoir été émises par un volcan concret.

Vu qu'il ne peut pas en être autrement, l'air extrait de ces couches récentes de carottes glaciaires, révèle l'aube de l'Ère Industrielle, puis la montée en crescendo des gaz à effet de serre. Cette courbe n'a absolument plus rien à voir avec la fourchette des fluctuations climatiques naturelles de ce dernier million d'années.

NB: tout comme les quelque 5000 autres commentaires que j'ai pu publier sur SCMB depuis six ans, celui-ci n'a PAS FAIT l'usage d'aide d'une IA.

Merci infiniment Epoxy de prendre le temps et de mobiliser vos précieuses ressources pour rédiger des commentaires aussi argumentés et précis. On ne pense pas forcément à vous montrer notre reconnaissance mais, sans vouloir parler au nom de tous, bien que je sois persuadée que beaucoup me rejoignent là-dessus, nous apprécions vos analyses.
Pour commenter l’anecdote : je trouve ça toujours fascinant les gens, a fortiori des scientifiques ou des personnes instruites, qui mangent directement ce qu’ils trouvent par terre. Ok la glace c’est censé être pur et le froid intense neutralise les germes mais quand même…

a écrit : Quelle fiabilité peut-on accorder à un type qui met un glaçon dans son whisky? saviez-vous que ces bulles, en plus de révéler le CO₂ du passé, prouvent aussi que le whisky se boit toujours mieux avec une pincée de révolution scientifique ?

a écrit : Merci infiniment Epoxy de prendre le temps et de mobiliser vos précieuses ressources pour rédiger des commentaires aussi argumentés et précis. On ne pense pas forcément à vous montrer notre reconnaissance mais, sans vouloir parler au nom de tous, bien que je sois persuadée que beaucoup me rejoignent là-dessus, nous apprécions vos analyses.
Pour commenter l’anecdote : je trouve ça toujours fascinant les gens, a fortiori des scientifiques ou des personnes instruites, qui mangent directement ce qu’ils trouvent par terre. Ok la glace c’est censé être pur et le froid intense neutralise les germes mais quand même…
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Merci Samila.

Je pense que le taux d'alcool contenu dans le whisky, peut avoir un effet antiseptique contre les bactéries contenues dans la glace.
@Tybs, connaisseur en Whisky, peut nous en dire plus..

Est ce que ce glaçon dans le whisky est de la veine que la pomme tombant sur la tête de Newton?

a écrit : saviez-vous que ces bulles, en plus de révéler le CO₂ du passé, prouvent aussi que le whisky se boit toujours mieux avec une pincée de révolution scientifique ? Ça pourrait expliquer, mais pas excuser ^^

Heureusement qu’il n’était pas archéologue, il se serait peut-être fait un sandwich avec un bout de momie…

Sauf s’il s’agit d’un whisky bas de gamme, on ne boit JAMAIS de whisky avec un glaçon.
Tout comme on ne le boit pas dans un verre tumblr (merci les clichés américains) : on préférera les verres à col resserré type tulipe ou porto.
Enfin, buvez avec modération : le plaisir, ça se cultive.

a écrit : Sauf s’il s’agit d’un whisky bas de gamme, on ne boit JAMAIS de whisky avec un glaçon.
Tout comme on ne le boit pas dans un verre tumblr (merci les clichés américains) : on préférera les verres à col resserré type tulipe ou porto.
Enfin, buvez avec modération : le plaisir, ça se cultive.
Comme si tes goûts et ta conception du plaisir avaient vocation à être universels...
youtu.be/VAAnyUjiNGs?si=BFwiSZa7-SXFbudM

a écrit : Quelle fiabilité peut-on accorder à un type qui met un glaçon dans son whisky? La même que celle qu’on donna à un élève qui n’était pas très bon, sortant une théorie fumeuse : la relativité….

a écrit : Quelle fiabilité peut-on accorder à un type qui met un glaçon dans son whisky? Concernant le Whisky:
- quand on y connaît rien, on ajoute des glaçons pour ne pas qu’il tape trop fort
- quand on y connaît un peu, on ajoute rien car on veut se concentrer sur ses qualités sensorielles sans le « dénaturer »
- quand on s’y connaît vraiment, on ajoute si on le souhaite de l’eau pour ne pas qu’il tape trop, car les qualités sensorielles sont masqués justement quand ça chauffe trop. On fait comme on veut en fait, c’est assez personnel la dégustation de Whisky vous savez :)

Petit rappel théorique: dans le processus de fabrication du whisky, juste avant de le mettre en bouteille on lui fait une « réduction », on y ajoute de l’eau pour le descendre en degré alcoolique . Vous avez donc déjà un « whisky à l’eau » dans votre bouteille neuve. Sinon il serait à 80°, or il est souvent réduit à 40-50°.

Donc mon conseil :
Que vous soyez un vrai amateur ou juste un curieux, vous POUVEZ ajouter de l’eau, vous sentirez beaucoup plus ses qualités gustatives dès lors qu’il ne vous brûlera plus.

Personnellement je me le sert toujours brut, et si son attaque est trop forte, je m’autorise à y ajouter un peu d’eau petit à petit. Évitez cependant le glaçon qui aura tendance à trop refroidir le breuvage, et donc à en masquer une partie de ses qualités, surtout si la glace touche vos lèvres.

Et bonne dégustation!

a écrit : Concernant le Whisky:
- quand on y connaît rien, on ajoute des glaçons pour ne pas qu’il tape trop fort
- quand on y connaît un peu, on ajoute rien car on veut se concentrer sur ses qualités sensorielles sans le « dénaturer »
- quand on s’y connaît vraiment, on ajoute si on le souhaite de l’eau pour
ne pas qu’il tape trop, car les qualités sensorielles sont masqués justement quand ça chauffe trop. On fait comme on veut en fait, c’est assez personnel la dégustation de Whisky vous savez :)

Petit rappel théorique: dans le processus de fabrication du whisky, juste avant de le mettre en bouteille on lui fait une « réduction », on y ajoute de l’eau pour le descendre en degré alcoolique . Vous avez donc déjà un « whisky à l’eau » dans votre bouteille neuve. Sinon il serait à 80°, or il est souvent réduit à 40-50°.

Donc mon conseil :
Que vous soyez un vrai amateur ou juste un curieux, vous POUVEZ ajouter de l’eau, vous sentirez beaucoup plus ses qualités gustatives dès lors qu’il ne vous brûlera plus.

Personnellement je me le sert toujours brut, et si son attaque est trop forte, je m’autorise à y ajouter un peu d’eau petit à petit. Évitez cependant le glaçon qui aura tendance à trop refroidir le breuvage, et donc à en masquer une partie de ses qualités, surtout si la glace touche vos lèvres.

Et bonne dégustation!
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Bon, j'avoue, il y avait une pointe d'ironie et dans mon com (mais pas de glaçon(s))
et merci pour les conseils,
s'il attaque, je coince les gorgées une à une entre la langue et le palais, sinon ma préférence va aux Glen, à mon avis plus goûteux, et moins agressifs
mais franchement, je crois que tout ça n'est affaire que de goût personnel

Oups finalement la question avec sans glace ou eau m’a plus intéressé que l’anecdote, dois je consulter ?

Vous voulez pas un whisky d’abord?

a écrit : Merci Samila.

Je pense que le taux d'alcool contenu dans le whisky, peut avoir un effet antiseptique contre les bactéries contenues dans la glace.
@Tybs, connaisseur en Whisky, peut nous en dire plus..
Effectivement avec un titrage à 40°, on peut être certain d'avoir d'abord un choc osmotique (passage d'un milieu concentré en eau à un milieu concentré en alcool) et donc une lyse cellulaire rapide (destruction de la membrane extérieur des cellules bactériologique) ou alors une déshydratation rapide car l'eau sort des cellules.
On a ensuite un deuxième effet kisskool avec l'éthanol qui dissous carrément les lipides des éventuels survivants.

Mais sinon je met rarement des glaciers dans mon whisky et encore moins des glaçons. Je le faisais avant mais c'est comme arrêter le sucre dans le café, une fois habitué, on ne peut plus revenir en arrière. Comme décrit dans un autre commentaire, les spécialistes du whisky le coupe à l'eau et je peux leur faire confiance pour connaître les meilleures méthodes pour obtenir le maximum d'arome d'un whisky. C'est une histoire de goût personnel avant tout. Par exemple, j'aime le vin rouge "frais" à 14°C et d'autres le préfèrent à température ambiante.

Pour rester dans le sujet, et si vous avez des sous, je vous conseille de gouter le Talisker 45 ans. Le whisky est placé dans des fûts de chêne américain fortement carbonisés (ex-bourbon) et il est ensuite exposés 96 heures à des températures glaciales dans l’Arctique canadien.
Citation "Cette exposition extrême a provoqué des fissures dans le bois des douelles, ce qui augmente la surface de contact entre le spiritueux et le bois, modifiant la façon dont les arômes se diffusent et s’extraient." Mais bon on parle de 250-300€ le verre.

Sinon il y a le Iceglacier qui se veut être un whisky utilisant l'eau des glaciers islandais. Et même si il y a beaucoup de marketing derrière, la bouteille en forme de corne viking est très jolie et le prix beaucoup plus abordable.