Observer une expérience modifie ses résultats

Proposé par
le
dans

L'effet Hawthorne est un phénomène scientifique où le simple fait d'introduire un observateur va modifier les résultats d'une expérience. Les ouvriers observés au début du XXe siècle montraient ainsi une plus grande motivation et donc une meilleure productivité induite par la présence du psychologue.

Cet effet découle des expériences d'Elton Mayo, chercheur en psychologie du travail, qui étudia les ouvriers d'une usine aux États-Unis. Ces recherches aboutirent à plusieurs conclusions: d'abord d'un point de vue expérimental, le simple fait d'observer un phénomène va entraîner une modification de celui-ci; ensuite que la présence d'un psychologue sur le lieu de travail donnait l'impression aux ouvriers de faire l'objet d'une attention particulière de la part de l'entreprise, et donc encourageait une motivation collective, ce qui entrainait une hausse significative de la productivité collective. Mayo pensa alors qu'il avait joué le rôle, malgré lui, de leader participatif.
Cet effet eut un grand retentissement dans les disciplines expérimentales, particulièrement dans les sciences de l'homme, quant au fait que l'action même d'observer va entraîner une certaine modification du fonctionnement habituel d'un groupe ou d'un individu.


Commentaires préférés (3)

a écrit : Une sorte d'effet Schrodinger appliqué aux sciences humaines ! Oui et non , plutôt l'inverse . L'expérience Hawthorne a été menée de 1924 à 1932 , alors que expérience de pensée du chat de Schrödinger a été imaginée en 1935 . Personnellement je décrirais l'effet Hawthorne par : quand le chat n'est pas là , les souris dansent .

"quant au fait que l'action même d'observer va entraîner une certaine modification du fonctionnement habituel d'un groupe ou d'un individu." Ca ne vous rappelle pas quand un prof regardait votre copie par dessus votre épaule ? Perso, ça me donnait d'un coup l'impression d'écrire que des bêtises.

a écrit : Oui et non , plutôt l'inverse . L'expérience Hawthorne a été menée de 1924 à 1932 , alors que expérience de pensée du chat de Schrödinger a été imaginée en 1935 . Personnellement je décrirais l'effet Hawthorne par : quand le chat n'est pas là , les souris dansent . Ce n'est pas du tout ça.

L'effet Hawthorne démontre que la productivité n'est pas simplement reliée aux conditions de travail. Le groupe avec des super conditions avait une augmentation de productivité mais le groupe avec des conditions nulles avait aussi une augmentation.

Elton Mayo a voulu comprendre pourquoi. Il a vite compris ce qui n'allait pas : l'observateur était sorti de son rôle et allait discuter avec les ouvrières. Il leur demandait comment elles allaient, leur ressenti, il leur expliquait l'expérience, comment elle allait se déroulé etc.
Normalement dans une expérience, on ne va jamais voir les sujets pour expliquer quoique ce soit ! C'est le chef habituel qui met en place sans expliquer pourquoi. Or l'observateur sortant de son rôle, les ouvrières se sont senties écoutées, faisant l'objet d'une attention particulière de la part de l'expérimentateur et le fait d'avoir été choisi comme sujet de l'expérience peut contribuer à donner une meilleure estime de soi. En étant associé aux objectifs de l'expérience, elles se sont senties solidaire d'un groupe de travail pouvant faire preuve d'initiative.
Enfin, l'observateur a joué un rôle de leader de participatif ! Ce qui est inédit à l'époque où le taylorisme et le fordisme règne.

Pour Mayo, l'expérience prouve qu'une équipe qui se sent considérée par sa hiérarchie, avec des personnes qui se connaissent et avec un leadership participatif peut entrainer de forte hausse de productivité. Il rompt avec l'hypothèse de Taylor pour qui l'ouvrier ne poursuit qu'un objectif individuel : Mayo démontre que les ouvriers ont aussi des objectifs collectifs (bien être au travail, bien s'entendre avec ses collègues, bien faire son travail etc).

Cette expérience ne démontre en rien que l'absence de manager et/ou que la présence de psy soient bénéfique. Le fait de se sentir observé non plus (ce n'est d'ailleurs pas mentionné dans les résultats de l'étude) ! Si elles n'étaient qu'observée, rien n'aurait changé (la preuve est que le contremaitre les observait avant). C'est parce qu'elles se sont senties inclues dans l'expérience et qu'on leur prêtait de l'attention que la productivité augmentait.
L'expérience "ratée" de Hawthorne ne fait que démontrer que le leadership autoritaire de Taylor a ses limites.


Tous les commentaires (25)

Une sorte d'effet Schrodinger appliqué aux sciences humaines !

si j'ai bien compris c'est aussi ce qui se passe en physique quantique où les particules réagissent différemment si elles sont observées mais corrigez-moi si je me trompe...

Posté le

android

(5)

Répondre

a écrit : Une sorte d'effet Schrodinger appliqué aux sciences humaines ! Oui et non , plutôt l'inverse . L'expérience Hawthorne a été menée de 1924 à 1932 , alors que expérience de pensée du chat de Schrödinger a été imaginée en 1935 . Personnellement je décrirais l'effet Hawthorne par : quand le chat n'est pas là , les souris dansent .

a écrit : si j'ai bien compris c'est aussi ce qui se passe en physique quantique où les particules réagissent différemment si elles sont observées mais corrigez-moi si je me trompe... Ce n'est pas tout à fait ça il me semble. En physique quantique on va connaître les probabilités qu'une particule donnée soit dans tel ou tel état. Tant qu'on ne l'a pas observée, on va considérer qu'elle est dans tous ses états possibles, avec leurs probabilités respectives. Si on l'observe, on la verra par contre dans un état bien déterminé. L'observation n'est donc pas la cause d'une modification d'état de la particule.

"quant au fait que l'action même d'observer va entraîner une certaine modification du fonctionnement habituel d'un groupe ou d'un individu." Ca ne vous rappelle pas quand un prof regardait votre copie par dessus votre épaule ? Perso, ça me donnait d'un coup l'impression d'écrire que des bêtises.

a écrit : Ce n'est pas tout à fait ça il me semble. En physique quantique on va connaître les probabilités qu'une particule donnée soit dans tel ou tel état. Tant qu'on ne l'a pas observée, on va considérer qu'elle est dans tous ses états possibles, avec leurs probabilités respectives. Si on l'observe, on la verra par contre dans un état bien déterminé. L'observation n'est donc pas la cause d'une modification d'état de la particule. Afficher tout Ce n'est pas exactement cela. Quand on observe une particule on a une position précise, mais si on ne l'avait pas observée, elle serait peut-être ailleurs. Le fait de l'observer à un impact sur sa position.

C'est sûrement cet "effet" qui a fait naître dans les sociétés, usines, partout, les "petits chefs" :) Ceux qui surveillent, dont on a l'impression qu'ils ne servent à rien... Apparemment, ils servent :) Si on en croit cette étude, la production est meilleure.

a écrit : "quant au fait que l'action même d'observer va entraîner une certaine modification du fonctionnement habituel d'un groupe ou d'un individu." Ca ne vous rappelle pas quand un prof regardait votre copie par dessus votre épaule ? Perso, ça me donnait d'un coup l'impression d'écrire que des bêtises. C'est bien, tu as compris l'anecdote

a écrit : C'est sûrement cet "effet" qui a fait naître dans les sociétés, usines, partout, les "petits chefs" :) Ceux qui surveillent, dont on a l'impression qu'ils ne servent à rien... Apparemment, ils servent :) Si on en croit cette étude, la production est meilleure. Je ne pense pas, même si cet effet existe, j'ai du mal à imaginer une société créer ces postes juste pour ça, et encore aurait-il fallu que les sociétés connaissent cet effet.
D'ailleurs les petits chefs ont toujours existé, et bien avant la découverte ou plutôt l'observation "scientifique" de cet effet.

a écrit : C'est bien, tu as compris l'anecdote Meme si ce n est pas exactement le cas decrit cela reste dans lesprit.
Il redige sa copie
Le prof regarde
Il a limpression de necrire que des betises
Il va stresser et ecrire des betises
Comportement modifié.

a écrit : Oui et non , plutôt l'inverse . L'expérience Hawthorne a été menée de 1924 à 1932 , alors que expérience de pensée du chat de Schrödinger a été imaginée en 1935 . Personnellement je décrirais l'effet Hawthorne par : quand le chat n'est pas là , les souris dansent . Ce n'est pas du tout ça.

L'effet Hawthorne démontre que la productivité n'est pas simplement reliée aux conditions de travail. Le groupe avec des super conditions avait une augmentation de productivité mais le groupe avec des conditions nulles avait aussi une augmentation.

Elton Mayo a voulu comprendre pourquoi. Il a vite compris ce qui n'allait pas : l'observateur était sorti de son rôle et allait discuter avec les ouvrières. Il leur demandait comment elles allaient, leur ressenti, il leur expliquait l'expérience, comment elle allait se déroulé etc.
Normalement dans une expérience, on ne va jamais voir les sujets pour expliquer quoique ce soit ! C'est le chef habituel qui met en place sans expliquer pourquoi. Or l'observateur sortant de son rôle, les ouvrières se sont senties écoutées, faisant l'objet d'une attention particulière de la part de l'expérimentateur et le fait d'avoir été choisi comme sujet de l'expérience peut contribuer à donner une meilleure estime de soi. En étant associé aux objectifs de l'expérience, elles se sont senties solidaire d'un groupe de travail pouvant faire preuve d'initiative.
Enfin, l'observateur a joué un rôle de leader de participatif ! Ce qui est inédit à l'époque où le taylorisme et le fordisme règne.

Pour Mayo, l'expérience prouve qu'une équipe qui se sent considérée par sa hiérarchie, avec des personnes qui se connaissent et avec un leadership participatif peut entrainer de forte hausse de productivité. Il rompt avec l'hypothèse de Taylor pour qui l'ouvrier ne poursuit qu'un objectif individuel : Mayo démontre que les ouvriers ont aussi des objectifs collectifs (bien être au travail, bien s'entendre avec ses collègues, bien faire son travail etc).

Cette expérience ne démontre en rien que l'absence de manager et/ou que la présence de psy soient bénéfique. Le fait de se sentir observé non plus (ce n'est d'ailleurs pas mentionné dans les résultats de l'étude) ! Si elles n'étaient qu'observée, rien n'aurait changé (la preuve est que le contremaitre les observait avant). C'est parce qu'elles se sont senties inclues dans l'expérience et qu'on leur prêtait de l'attention que la productivité augmentait.
L'expérience "ratée" de Hawthorne ne fait que démontrer que le leadership autoritaire de Taylor a ses limites.

a écrit : C'est sûrement cet "effet" qui a fait naître dans les sociétés, usines, partout, les "petits chefs" :) Ceux qui surveillent, dont on a l'impression qu'ils ne servent à rien... Apparemment, ils servent :) Si on en croit cette étude, la production est meilleure. C'est bien le problème de l'anecdote, je la trouve mal rédigée. Elle rajoute une conclusion inexistante : le fait d'être observé modifie la productivité. Non ! C'est le fait d'avoir une attention particulière, c'est à dire une attention bénéfique. On était de base observé par le contremaitre, or ce dernier était très autoritaire (normal on lui disait qu'il fallait faire comme ça).

L'effet Hawthorne démontre exactement l'inverse. Dans une entreprise le mode de supervision est important. Le leadership autoritaire (que tu décris) était celui de base avant cette expérience (donc plein de petits chefs). Puis après cette expérience, on "découvre" que le leadership participatif peut être une bien meilleure solution.

L'expérience incite fortement à ce dernier mode de leadership.

a écrit : C'est bien le problème de l'anecdote, je la trouve mal rédigée. Elle rajoute une conclusion inexistante : le fait d'être observé modifie la productivité. Non ! C'est le fait d'avoir une attention particulière, c'est à dire une attention bénéfique. On était de base observé par le contremaitre, or ce dernier était très autoritaire (normal on lui disait qu'il fallait faire comme ça).

L'effet Hawthorne démontre exactement l'inverse. Dans une entreprise le mode de supervision est important. Le leadership autoritaire (que tu décris) était celui de base avant cette expérience (donc plein de petits chefs). Puis après cette expérience, on "découvre" que le leadership participatif peut être une bien meilleure solution.

L'expérience incite fortement à ce dernier mode de leadership.
Afficher tout
C'est plus clair pour moi.
Je voyais pas en quoi être observé augmentait la productivité.
Ton commentaire pour ma part rend plus compréhensible l'anecdote, merci Raspa ;)

"phénomène scientifique" Phénomène en sciences humaines serait peut être plus adéquat non?

a écrit : "phénomène scientifique" Phénomène en sciences humaines serait peut être plus adéquat non? On peut même dire "Sociologie" :)

a écrit : Ce n'est pas tout à fait ça il me semble. En physique quantique on va connaître les probabilités qu'une particule donnée soit dans tel ou tel état. Tant qu'on ne l'a pas observée, on va considérer qu'elle est dans tous ses états possibles, avec leurs probabilités respectives. Si on l'observe, on la verra par contre dans un état bien déterminé. L'observation n'est donc pas la cause d'une modification d'état de la particule. Afficher tout En mécanique quantique les particules sont dans un état de superposition quantique.

Si on essaye de donner une définition physique de cet état on dira que les particules sont dans plusieurs états et à plusieurs positions simultanément. C'est un abus de langage visant à expliquer un phénomène quantique avec des mots du registre physique.

Reste que c'est bien l'observation (par la mesure) qui va projeter une particule de cet état de superposition quantique dans le monde physique et nous permettra de quantifier un de ses observables comme sa position. (Ou son spin, sa quantité de mouvement, etc.).

a écrit : C'est bien le problème de l'anecdote, je la trouve mal rédigée. Elle rajoute une conclusion inexistante : le fait d'être observé modifie la productivité. Non ! C'est le fait d'avoir une attention particulière, c'est à dire une attention bénéfique. On était de base observé par le contremaitre, or ce dernier était très autoritaire (normal on lui disait qu'il fallait faire comme ça).

L'effet Hawthorne démontre exactement l'inverse. Dans une entreprise le mode de supervision est important. Le leadership autoritaire (que tu décris) était celui de base avant cette expérience (donc plein de petits chefs). Puis après cette expérience, on "découvre" que le leadership participatif peut être une bien meilleure solution.

L'expérience incite fortement à ce dernier mode de leadership.
Afficher tout
En général on oppose leadership et management, ou plutôt leader et manager.

Le manager serait le petit chef autoritaire, celui qui donne des ordres et surveille.

Le leader celui qui participe, montre la voie et emmène l'équipe avec lui.

thehire.com/distinctions-between-manager-leader/

a écrit : En général on oppose leadership et management, ou plutôt leader et manager.

Le manager serait le petit chef autoritaire, celui qui donne des ordres et surveille.

Le leader celui qui participe, montre la voie et emmène l'équipe avec lui.

thehire.com/distinctions-between-manager-leader/
Je suis tout à fait d'accord, mais dans le meilleur des mondes et dans la théorie, le manager d'une équipe est sensé incarner les deux :)

a écrit : Je suis tout à fait d'accord, mais dans le meilleur des mondes et dans la théorie, le manager d'une équipe est sensé incarner les deux :) Oui. C'est ce que les meilleurs font où essayent de faire. Il en faudrait plus. Après la plupart des humains ont du mal a gérer le pouvoir..

C’est pas un effet similaire qu’on appelle l’effet de la blouse blanche dans le milieu médical ?