L'hypothèse de Sapir-Whorf est une théorie linguistique voulant que le langage d'une civilisation n'est pas seulement un outil servant à décrire la réalité : il conditionnerait également notre vision du monde et notre manière de penser, donc notre façon de nous comporter. Les défenseurs de cette théorie prennent l'exemple de certaines pathologies du langage, qui sont plus ou moins graves selon la langue du locuteur.
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Hypothèse utilisée dans l'excellent film Arrival (2016), qui, pour ceux n'ayant pas compris, fait simplement référence au relativisme culturel et au déterminisme linguistique. En résumé, les représentations mentales que l'on se fait dépendent des catégories linguistiques dans lesquelles on les énoncent, et la façon dont on perçoit le monde dépend de facto du language. Theorie qui a de nombreux détracteurs (toutes les sciences ne sont pas exactes, et oui...), mais qui a le mérite d'être intéressante. On pourrait ainsi "reformater" sa façon de penser en changeant de language de référence (c'est à dire en non seulement parlant une autre langue, mais en pensant dans cette cette langue, rêvant dans cette langue etc), car notre vocabulaire et formulations influenceraient invariablement la manière dont on pense. A savoir qu'à ce moment on changerait non seulement sa façon de penser, mais également de communiquer, car l'énonciation donne le sens à l'énoncé et non pas le contraire. C'est à ce moment qu'il est intéressant de se pencher sur la distinction entre la sémiologie et la sémiotique, si des personnes cherchent à pousser le sujet.
George Orwell traite également ce sujet dans son roman 1984, ou le régime impose la "Novlangue", une langue crée de toute pièce ou le but est de supprimer le plus de mots possible pour ainsi supprimer le concept derrière ce mot, empêchent toute personne de formuler, et à terme de penser toute idée permettant de critiquer le système.
Même des mots à priori simples restent intraduisibles entre certaines langues.
Un exemple que j'aime bien : les deux verbes "savoir" ou "connaître" en français ou dans les autres langues latines (saber et conocer en espagnol, sapere et conoscere en italien...) qui en anglais se traduisent dans les deux cas par "to know". Ça a l'air de rien, mais pourtant il y a bien une légère distinction dans les langues romanes entre ces deux termes (notamment en philosophie) alors que l'anglais ne fait aucune distinction.
- I don't know him (Je ne le CONNAIS pas)
- I don't know where he lives (Je ne SAIS pas où il vit)
Essayez de traduire la phrase suivante en anglais : La connaissance est un ensemble de savoirs. Bon courage !
En anglais et en allemand il n'existe également aucun temps grammatical pour le futur, qui passe par l'utilisation d'un modal ou d'un présent. Dans la phrase "I will eat chocolate", le modal will exprime une action future, quand bien même la phrase est grammaticalement... au présent ! Les langues latines ont quant à elles un futur qui restent un temps grammatical à part entière, même s'il tend à être de moins en moins utilisé, en étant notamment remplacé par un présent de l'indicatif (ex: Demain, je pars en vacances.)
Autre exemple spécifique au Français que j'adore et qui n'est absoluement pas fréquent dans les autres langues indo-européennes, sur les mots ayant les mêmes sons, et notamment les prénoms. Mes amis étrangers se marrent souvent quand je leur dis que mon prénom en français (Emmanuel) se prononce exactement de la même façon pour les garçons que pour les filles. Du coup ils ont tendance à me dire que j'ai le même nom qu'une fille, je leur répond que pourtant l'orthographe est différente et que dans la têtes des francophones le mot est donc différent (pour nos cousins italiens qui prononcent exactement ce qu'ils écrivent, c'est souvent dur à avaler ahahah).
En français on doit donc plus souvent avoir une représentation mentale des mots et de l'orthographe du fait des nombreux homonymes, en particulier lorsque l'on écoute quelqu'un. Sur le plan "cognitif" il y a donc une grande différence entre le français et certaines langues, où les sons sont suffisants à la compréhension. Exemples en français :
- Ils nagent dans des (zoos/os/eaux) profondes.
- Avec l'age, elle a mal aux (zoos/os/eaux).
- Greenpeace est contre les (zoos/os/eaux).
Et que dire du chinois qui n'écrit pas des sons mais des représentations des mots !
Je parle français, anglais, italien et espagnol et suis en train d'apprendre l'allemand. Je pourrais vous écrire pendant des heures toutes les différences qui existent entre ces langues pourtant relativement proches (y compris les langues latines et germaniques entre elles).
Ces petites différences n'ont l'air de rien, mais toutes accumulées entre elles, n'importe quel polyglotte amoureux des langues vous dira que lorsqu'il s'exprime dans une autre langue étrangère, il a l'impression d'être "différent".
Pour ceux qui n'ont pas vu le film Premier Contact (Arrival en anglais) je vous le conseille vivement, c'est un chef-d'œuvre.
Tous les commentaires (63)
Pas moi comprendre where is die Probleme ?!
Un exemple indiqué dans les sources est celui de la neige. Les esquimaux ont une multitude de termes différents désignant tous la neige. Il est peu pertinent pour nous de différencier plus que ça la neige tandis que c'est vital pour eux !
C est abordé dans le film premier contact
Hypothèse utilisée dans l'excellent film Arrival (2016), qui, pour ceux n'ayant pas compris, fait simplement référence au relativisme culturel et au déterminisme linguistique. En résumé, les représentations mentales que l'on se fait dépendent des catégories linguistiques dans lesquelles on les énoncent, et la façon dont on perçoit le monde dépend de facto du language. Theorie qui a de nombreux détracteurs (toutes les sciences ne sont pas exactes, et oui...), mais qui a le mérite d'être intéressante. On pourrait ainsi "reformater" sa façon de penser en changeant de language de référence (c'est à dire en non seulement parlant une autre langue, mais en pensant dans cette cette langue, rêvant dans cette langue etc), car notre vocabulaire et formulations influenceraient invariablement la manière dont on pense. A savoir qu'à ce moment on changerait non seulement sa façon de penser, mais également de communiquer, car l'énonciation donne le sens à l'énoncé et non pas le contraire. C'est à ce moment qu'il est intéressant de se pencher sur la distinction entre la sémiologie et la sémiotique, si des personnes cherchent à pousser le sujet.
George Orwell traite également ce sujet dans son roman 1984, ou le régime impose la "Novlangue", une langue crée de toute pièce ou le but est de supprimer le plus de mots possible pour ainsi supprimer le concept derrière ce mot, empêchent toute personne de formuler, et à terme de penser toute idée permettant de critiquer le système.
Il existe une multitude de mot étrangers qui sont intraduisible en français:
- "tartle" : verbe écossais désignant l'hésitation devant quelqu'un dont on a oublié le nom.
-"Voorpret" : désigne en hollandais le moment juste avant qu'une situation devienne cool, excitante..
"Schadenfreude" : en allemand c'est le fait d'être heureux de voir quelqu'un qu'on n'aime pas être malheureux.
"Gattara" : en italien c'est une vieille femme solitaire qui s'occupe des chats.
"Prezvonat" : en langue tchèque et slovaque, désigne le fait d'appeler sans laisser le temps à l'autre de répondre, afin que celui-ci rappelle et que le premier n'ait pas à dépenser de l'argent.
Même des mots à priori simples restent intraduisibles entre certaines langues.
Un exemple que j'aime bien : les deux verbes "savoir" ou "connaître" en français ou dans les autres langues latines (saber et conocer en espagnol, sapere et conoscere en italien...) qui en anglais se traduisent dans les deux cas par "to know". Ça a l'air de rien, mais pourtant il y a bien une légère distinction dans les langues romanes entre ces deux termes (notamment en philosophie) alors que l'anglais ne fait aucune distinction.
- I don't know him (Je ne le CONNAIS pas)
- I don't know where he lives (Je ne SAIS pas où il vit)
Essayez de traduire la phrase suivante en anglais : La connaissance est un ensemble de savoirs. Bon courage !
En anglais et en allemand il n'existe également aucun temps grammatical pour le futur, qui passe par l'utilisation d'un modal ou d'un présent. Dans la phrase "I will eat chocolate", le modal will exprime une action future, quand bien même la phrase est grammaticalement... au présent ! Les langues latines ont quant à elles un futur qui restent un temps grammatical à part entière, même s'il tend à être de moins en moins utilisé, en étant notamment remplacé par un présent de l'indicatif (ex: Demain, je pars en vacances.)
Autre exemple spécifique au Français que j'adore et qui n'est absoluement pas fréquent dans les autres langues indo-européennes, sur les mots ayant les mêmes sons, et notamment les prénoms. Mes amis étrangers se marrent souvent quand je leur dis que mon prénom en français (Emmanuel) se prononce exactement de la même façon pour les garçons que pour les filles. Du coup ils ont tendance à me dire que j'ai le même nom qu'une fille, je leur répond que pourtant l'orthographe est différente et que dans la têtes des francophones le mot est donc différent (pour nos cousins italiens qui prononcent exactement ce qu'ils écrivent, c'est souvent dur à avaler ahahah).
En français on doit donc plus souvent avoir une représentation mentale des mots et de l'orthographe du fait des nombreux homonymes, en particulier lorsque l'on écoute quelqu'un. Sur le plan "cognitif" il y a donc une grande différence entre le français et certaines langues, où les sons sont suffisants à la compréhension. Exemples en français :
- Ils nagent dans des (zoos/os/eaux) profondes.
- Avec l'age, elle a mal aux (zoos/os/eaux).
- Greenpeace est contre les (zoos/os/eaux).
Et que dire du chinois qui n'écrit pas des sons mais des représentations des mots !
Je parle français, anglais, italien et espagnol et suis en train d'apprendre l'allemand. Je pourrais vous écrire pendant des heures toutes les différences qui existent entre ces langues pourtant relativement proches (y compris les langues latines et germaniques entre elles).
Ces petites différences n'ont l'air de rien, mais toutes accumulées entre elles, n'importe quel polyglotte amoureux des langues vous dira que lorsqu'il s'exprime dans une autre langue étrangère, il a l'impression d'être "différent".
Pour ceux qui n'ont pas vu le film Premier Contact (Arrival en anglais) je vous le conseille vivement, c'est un chef-d'œuvre.
En attendant, je trouve l'hypothèse de Sapir-Whorf extrêmement intéressante... Mais invérifiable :) On ne peut donc la valider que par une appréciation personnelle, ce qui conduit évidemment à d'infinis débats. C'est passionnant !
C'est l'approche structuraliste en linguistique, celle qui est majoritairement enseignée : le langage structure la pensée
On pourrait imaginer que cette hypothèse rend l'application du droit dans les pays multilingues extrêmement difficile, du fait de la différence de concepts. En réalité, si les différents textes ont la même valeur (comme en Suisse), c'est au contraire une richesse, les notions différentes permettant d'avoir une vision en trois dimensions d'une notion juridique, plutôt que limitée aux frontières d'une seule langue.
Encore faut-il parler les différentes langues nationales...
Il existe une société humaine (dont j'ai malheureusement oublié le nom) qui n'a pas le pronom JE dans sa langue. (Ils ont un TU un IL, mais pas de JE)
Imaginez un instant ce que ça implique sur la façon de penser, et sur la structure économique et politique de cette société.
Vous, vous avez vu Premier Contact récemment !
Je pense que n'importe quelle personne ayant un niveau proche du natif dans un autre langue que sa langue maternelle peut témoigner. Dans mon cas, je suis presque une personne différente lorsque je suis dans un milieu anglophone (nouvelle façon de penser, plus concise dans mes propos, voix plus aiguë, etc.), et à moindre mesure lorsque je m'exprime en anglais en France ^^
C'est une théorie vraiment intéressante à mon avis, et ça me paraît étrange que des personnes puissent émettre un doute dessus.
De mon point de vue c'est différent (mais ça peut très bien compléter l'anecdote) : lors de l'invention des mots pour qualifier ce qui nous entourait les hommes ont été conditionnés par leur environnement. Si un phénomène ou quelque autre chose que l'on peut désigner était largement présent, les hommes ont alors remarqué les détails de ceux-ci, et c'était même nécessaire de faire la distinction entre les détails, ils ont alors qualifié les phénomènes ou les objets selon ces détails et avec différents mots.
Mais l'un n'empêche pas l'autre, les mots que nous utilisons nous "façonnent" mais au départ si on les as inventé c'était dû à une nécessité.
Je ne suis pas sûr de coller au sujet, mais je note, en regardant films & séries US/UK en vostfr, que je parviens à force à traduire mentalement tout en comparant ce qui est dit aux sous-titres, que l'anglais oral est relativement pauvre dans sa capacité d'expression, en regard du français ("that's what I do" = "c'est mon métier, ma profession, c'est comme ça que je gagne ma vie", etc, selon le contexte), et secondo, que les sous-entendus en anglais passent plus souvent par les intonations / accents toniques, avec aussi quelques jeux de mots quand même, alors qu'en français, ce sont davantage les métaphores et autres figures de style qui sont à l'oeuvre. Je suis heureux que ma langue maternelle soit le français, pour tout dire ;-)
Je partage un petit exemple savoureux de traduction trouvé hier au tout début d'un grand film de pirates oublié : "Cutthroat Island" (1995) aka "L'île aux pirates"
Geena Davis se retrouve menacé par son amant au petit matin, qui pointe un pistolet vers elle ; Geena garde le sourire en ouvrant sa main qui contient les 2 billes d'acier constituant les munitions dudit pistolet et lui dit :
FR : "- Cette nuit, vous avez tiré votre dernier coup !"
UK : "- I took your balls !"