Le célèbre roman de Stoker, Dracula, publié en 1897 a été traduit en Islandais en 1900 par un journaliste. Plus de 100 ans après, en 2014, M. de Roos, spécialiste de Dracula, se rendit compte que la traduction a été arrangée avec l’ajout de personnages et de nombreuses scènes de luxure.
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Alors pour le coup, je pense que ThomasdeFrance a raison.
La presse européenne d'extrême-droite des années 1940 a souvent représenté le Juif en tant que vampire dont le seul but était d'aspirer le sang et la force vive de la France.
Pour exemple, on peut citer la fameuse carte postale antisémite où une chauve-souris à nez crochu survole le Christ en croix, écroulé sur le sol:
d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/antisemitisme.htm
La "défense de la race" (quel joli titre) était une revue fasciste italienne qui dépeignait régulièrement les Juifs en vampires dans leurs dessins de "presse".
Hitler lui-même a d'ailleurs comparé les Juifs à des vampires, assoiffés de sang et d'argent.
Et je crois que dans l'imaginaire populaire, ces comparaisons ont marqué les esprits. Le comte Dracula, dans les dizaines d’adaptation cinématographiques existantes, a souvent un accent ashkénaze (comme Popeck ou Mel Brooks, si ça ne vous parle pas) alors qu'il est censé avoir un accent roumain. Accent qui ressemble plutôt à l'italien en réalité.
Dans l'anecdote il est bien expliqué que le texte a été, disons, "embelli", mais c'est autrement courant aujourd'hui quand on transpose un roman en film, il est rare de voir un film qui respecte l'oeuvre littéraire, la plupart du temps, ne reste que le titre... c'est triste!
Par contre, je n'ai jamais lu les livres, mais à ce que j'en sais, le compte est très éduqué, multilingue, riche, beau, intelligent... Dangerous! Si parfait que ça, c'est pas normal! ^^
La traduction est un art à part entière et je n'ai que de bons souvenirs des exercices de version, en anglais, russe ou latin. Quand on aime la littérature, c'est passionnant et stimulant de chercher à comprendre le texte, les effets qu'il veut produire, les mécaniques qu'il emploie, et à rechercher les meilleurs équivalents pour reconstruire la machine dans notre langue.
J'ajouterai aussi que certaines traductions "canoniques" apportent une saveur toute particulière au texte, elles en deviennent inséparables (pour moi en tout cas), comme celle de Poe par Baudelaire ou celle des Mille et une nuits par Antoine Galland (personnage qui mériterait bien une anecdote, d'ailleurs...).
Concernant l’anecdote, le sujet n’attrait pas aux difficultés relatives à la traduction mais à un détournement volontaire, assez prononcé visiblement, du propos du roman!
La traduction est en effet une discipline à part entière et non seulement un champ technique. Les tracteurs doivent faire appel à une fabuleuse connaissance des 2 cultures afin de transposer au mieux le propos, le message, la beauté, l’énergie d’une œuvre... Comme dans toute discipline, il y a des errements, des erreurs mais aussi des prodiges et d’heureuses surprises!
Si l’on considère, comme beaucoup de linguistes aujourd’hui, que l’on pense avec les mots et non l’inverse, le travail du traducteur fait tout autant appel au créatif et à l’inventif que celui de l’auteur et, par la même, nécessite des qualités imaginatives autant que techniques.
Si l’on considère par ailleurs qu’une langue fait partie intégrante d’une culture et d’un peuple et est rivée profondément à son tempérament, son caractère et son histoire, alors un traducteur peut donc devoir faire des entorses à certaines « traits » de l’œuvre originale (personnages, lieux, situations...) afin de la transposer au mieux dans la culture destinée à la traduction. En y injectant par exemple certains codes, certains parallèles avec l’actualité, certains sentiments ou traits de caractères, relatifs au pays d’accueil de l’œuvre, s’il veut que la teneur générale de l’original soit la plus compréhensible possible.
Comme le précise Nicontrarié, le parallèle avec les adaptations cinématographiques est valable puisqu’il permet de comprendre à quel point une œuvre traduite peut s’éloigner de l’original tout en ayant une force et une beauté intrinsèque captivante, marquant une ou des générations tout autant que l’œuvre originale dans son pays respectif. Cela dit, concernant le cinéma, il faut dissocier les versions françaises du sous-titrage, les deux disciplines ayant leurs avantages et leurs écueils, mais nous nous éloignons du sujet.
Je vous conseil là dessus une serie de 4 émissions sur FC datant de 2014 et assez bien ficelée: www.franceculture.fr/emissions/les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance/la-traduction-14-quest-ce-que-traduire
Traducteur pour moi, au meme titre que prof ou journaliste, c'est un métier à influence indirecte.
Certains traducteurs, volontairement ou involontairement, ont influencé des générations en se servant de leur métier pour véhiculer leurs opinions ou comme ici leurs fantasmes.
En témoigne le travail désastreux de Jean Patrick Manchette et sa "contribution" au monde noble de la traduction, n'hésitant pas à modifier certains récits ou scénarios pour coller un peu plus à ses opinions politiques et aux idées auxquelles il adhérait.
Minable.
Cela me fait penser a la serie Amicalement votre, qui a tres bien marché en France et moins dans les pays anglo saxons. C'etait en partie car les traductuteurs francais avaient rajoutés pas mal de repliques. la serie n'a en fait qu'une vingtaine d'episodes et n'a pas marché aux US.
Tony Curtis a d'ailleurs beaucoup aimé sa doublure francaise (Michel Roux) et l'a reutilisé par la suite.
Sinon, voilà un bel exemple d'adaptation à la cible... Mais elle peut aussi changer selon les générations, sur cette histoire, pas que sur les nationalités !