Un échange commercial entre ennemis

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Pendant la Première Guerre mondiale, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, malgré leur statut de nations ennemies, ont envisagé un échange secret : du caoutchouc britannique contre du verre optique allemand, chacun souffrant de pénuries critiques entravant leur effort de guerre envers l'autre.

Avant le conflit, la Grande-Bretagne dépendait largement de l'Allemagne pour le verre optique, essentiel à la fabrication de jumelles et de viseurs télescopiques. Avec le blocus naval allié, l'Allemagne manquait de caoutchouc naturel, indispensable pour les pneus et les câbles de communication.
En 1915, des négociations secrètes via des intermédiaires suisses ont abouti à un accord prévoyant l'échange de dizaines de milliers de paires de jumelles contre du caoutchouc britannique. Les négotiations ont bien eu lieu mais cependant les sources divergent quant à la réalisation effective de cet échange.
Par la suite, la Grande-Bretagne a intensifié sa production de verre optique, réduisant sa dépendance, tandis que l'Allemagne a continué de souffrir de pénuries de caoutchouc.


Commentaires préférés (3)

Histoire que les soldats meurent plus grâce à leurs efforts concertés

Rien de pire que la guerre, si ce n'est des pertes économiques, hein.

A l'aube de la Première Guerre Mondiale, le Royaume-Uni était alors propriétaire de grande partie des 400 000 hectares d'héveas du monde, par le biais de la Malaisie.
Cet arbre y avait été importé depuis l'Amazonie (Brésil) par le bais de ce qui est appelé "le rapt botanique du siècle", consistant en l'achat non autorisé de 74 000 graines d'hévéas, en 1874, dans la forêt Amazonienne, et collectées par des Amérindiens.

Transportées par bateau puis en train jusqu'aux fameux Jardins Botaniques de Kew (Angleterre), puis immédiatement mises à germer, ils furent ensuite envoyés à Ceylan (actuel Sri Lanka), avant que 11 plantules ne soient transportées à Singapour. Actuellement, 90% des hévéa du monde, sont "fils" de ces 11 "arbres-pères", même si la sélection par greffe a amélioré la production.

Ce "rapt botanique du siècle", va également conduire d'autres États à vouloir "sa part du gâteau" du caoutchouc naturel. Dès la fin du 19ème siècle et avant la Première Guerre Mondiale, les Français, les Belges et les Anglais, continuent leur expansion de la culture de l'hévéa, tant en Asie du Sud-Est, comme des tentatives de culture en Afrique de l'Ouest (Ghana, Togo, République Démocratique du Congo).
Toutes ces plantations d'hévéas, va au final conduire à plusieurs crises des cours du prix du caoutchouc naturel, de plus que la demande se voit tant augmentée par la demande pour l'usage militaire, puis celle- ci s'effondrer, suite à l'Armistice de 1918.

Même si le caoutchouc synthétique commence à s'utiliser durant l'entre-deux Guerres, il ne représente encore que 7% de la production mondiale, en 1939. Il faudra attendre les années 60, pour arriver à un 50%/50%, pour représenter aujourd'hui, pour le caoutchouc synthétique, les 2/3 de la production mondiale.


Tous les commentaires (18)

Histoire que les soldats meurent plus grâce à leurs efforts concertés

Rien de pire que la guerre, si ce n'est des pertes économiques, hein.

A l'aube de la Première Guerre Mondiale, le Royaume-Uni était alors propriétaire de grande partie des 400 000 hectares d'héveas du monde, par le biais de la Malaisie.
Cet arbre y avait été importé depuis l'Amazonie (Brésil) par le bais de ce qui est appelé "le rapt botanique du siècle", consistant en l'achat non autorisé de 74 000 graines d'hévéas, en 1874, dans la forêt Amazonienne, et collectées par des Amérindiens.

Transportées par bateau puis en train jusqu'aux fameux Jardins Botaniques de Kew (Angleterre), puis immédiatement mises à germer, ils furent ensuite envoyés à Ceylan (actuel Sri Lanka), avant que 11 plantules ne soient transportées à Singapour. Actuellement, 90% des hévéa du monde, sont "fils" de ces 11 "arbres-pères", même si la sélection par greffe a amélioré la production.

Ce "rapt botanique du siècle", va également conduire d'autres États à vouloir "sa part du gâteau" du caoutchouc naturel. Dès la fin du 19ème siècle et avant la Première Guerre Mondiale, les Français, les Belges et les Anglais, continuent leur expansion de la culture de l'hévéa, tant en Asie du Sud-Est, comme des tentatives de culture en Afrique de l'Ouest (Ghana, Togo, République Démocratique du Congo).
Toutes ces plantations d'hévéas, va au final conduire à plusieurs crises des cours du prix du caoutchouc naturel, de plus que la demande se voit tant augmentée par la demande pour l'usage militaire, puis celle- ci s'effondrer, suite à l'Armistice de 1918.

Même si le caoutchouc synthétique commence à s'utiliser durant l'entre-deux Guerres, il ne représente encore que 7% de la production mondiale, en 1939. Il faudra attendre les années 60, pour arriver à un 50%/50%, pour représenter aujourd'hui, pour le caoutchouc synthétique, les 2/3 de la production mondiale.

Il est même arrivé plusieurs fois que des (grosses) boites fournissent les deux côtés, en même temps et publiquement (Coca, Ford, Total, Michelin, la plupart des industriels suèdois...)

a écrit : Il est même arrivé plusieurs fois que des (grosses) boites fournissent les deux côtés, en même temps et publiquement (Coca, Ford, Total, Michelin, la plupart des industriels suèdois...) ok, ce serait l'inverse qui serait étonnant, mais quel rapport avec l'anecdote?

Faire des affaires passent au dessus de tout dans nos sociétés modernes. C’est à la fois notre salut, les intérêts économiques et la mondialisation freinant certainement quelques états belliqueux à passer à l’acte, et à la fois très cynique, comme l’exemple de cette anecdote.

a écrit : Faire des affaires passent au dessus de tout dans nos sociétés modernes. C’est à la fois notre salut, les intérêts économiques et la mondialisation freinant certainement quelques états belliqueux à passer à l’acte, et à la fois très cynique, comme l’exemple de cette anecdote. Dans ce cas précis, il n’était pas question de faire des affaires (faire du commerce), simplement un petit arrangement entre ennemis afin de mieux s’exterminer.

a écrit : Dans ce cas précis, il n’était pas question de faire des affaires (faire du commerce), simplement un petit arrangement entre ennemis afin de mieux s’exterminer. La fin de ton commentaire est exactement ce que j’avais en tête, l’ironie à son paroxysme. Cher ennemi, échangeons des ressources cruciales afin de mieux nous éliminer mutuellement, cordialement macabre.

a écrit : Il est même arrivé plusieurs fois que des (grosses) boites fournissent les deux côtés, en même temps et publiquement (Coca, Ford, Total, Michelin, la plupart des industriels suèdois...) Concernant Coca-Cola pendant la Seconde Guerre mondiale, la société mère rencontrait des difficultés à exporter les ingrédients nécessaires à sa fabrication. La filiale allemande créa alors le Fanta avec les ingrédients disponibles, boisson qui fut ensuite reprise et développée à l'international. Par ailleurs, Coca-Cola ne contribuait pas directement à l'effort de guerre (hormis peut-être au moral des troupes), contrairement aux pneus, aux voitures ou à l'essence.

La suisse a une tradition de médiatrice.
Je viens de tourner dans une série nommée “The Deal” (Iran<—suisse—> USA avec Israël qui interfère). À voir cet automne la série est passionnante

comme l'ukraine et la russie, le but de la guerre c'est pas forcément qu'elle s'arrête, ça fait trop profiter certaines personnes

a écrit : La suisse a une tradition de médiatrice.
Je viens de tourner dans une série nommée “The Deal” (Iran<—suisse—> USA avec Israël qui interfère). À voir cet automne la série est passionnante
Un rôle en particulier ?

a écrit : Un rôle en particulier ? Yup. Agent des services secrets ;)

Certains disent même que la guerre est positive car elle relance l’économie.
Comme si le prix de cette relance était secondaire, négligeable....

a écrit : La fin de ton commentaire est exactement ce que j’avais en tête, l’ironie à son paroxysme. Cher ennemi, échangeons des ressources cruciales afin de mieux nous éliminer mutuellement, cordialement macabre. Ceux qui sont avide de argent et font ce genre de compris ne mettront JAMAIS un pied sur un champs de bataille...

a écrit : Certains disent même que la guerre est positive car elle relance l’économie.
Comme si le prix de cette relance était secondaire, négligeable....
Ça ne relance pas que l'économie, mais aussi les sciences. On va à la course aux progrès scientifiques pour essayer d'accélérer la guerre, gagner plus vite.

Et parfois aussi ça donne des progrès sociaux : les femmes ont réussi à montrer qu'elles étaient essentielles et savaient faire des choses jusqu'alors inimaginables...et au sortir de la 2nde guerre mondiale, elles ont obtenus des droits pour lesquels elles luttaient depuis un moment...

Je ne dis pas que je suis pour la guerre, mais parfois il faut être rationnel et se dire qu'heureusement, la guerre n'aura pas servi qu'à tuer des gens, mais peut-être aussi à avancer dans certains domaines....