Les quadruplées Genain furent un cas d'école en psychiatrie. Ces quatre sœurs identiques génétiquement développèrent toutes une schizophrénie au même moment, à l'âge de 24 ans, mais d'intensité différente, ce qui suggéra que la maladie pouvait être, au moins partiellement, d'origine génétique. Elles furent ainsi l'objet de longues études scientifiques.
Les conclusions des études sont aujourd'hui à prendre avec beaucoup de méfiance : leur enfance, remplie de maltraitance et de traumatismes, a sûrement joué un rôle dans leur pathologie.
Commentaires préférés (3)
J'aime la prise de recul de la dernière phrase. Effectivement, on peut envisager que des violences physiques, sexuelles et psychologiques exercées du berceau jusqu'à leur majorité par l'autorité parentale pourrait avoir une certaine incidence sur leur bonne santé mentale...
A ce niveau, on peut se demander si c'est de la prudence ou de la pudibonderie : le lien entre maltraitance et maladie type schizophrénie est assez bien documentée.
Par exemple :
psychiatriefes.org/recherche/revue-de-presse/la-relation-entre-la-maltraitance-infantile-et-la-psychose-chez-les-patients-schizophrenes-et-des-sujets-controles
Je pense que souvent c'est un cocktail des deux.
Dans le cas de l'anecdote les explications à la folie sont claires : un terrain génétique et un environnement très difficile. La simultanéité de la schizophrénie est plus intéressante. Ça peut s'expliquer par des facteurs génétiques, des facteurs métaboliques (24 ans c'est un âge où biologiquement la version adulte définitive d'un individu n'est pas encore réalisée, mais s'en approche), l'exposition à un pathogène, de la modélisation pathologique avec renforcement mutuel des symptômes (peut on mettre l'anecdote en relation avec l'histoire des soeurs Papin ?).
La littérature scientifique est très fournie sur le sujet et la majorité des hypothèses avancées parait crédible et s'entre alimentent.
Les psychotiques, c’est différent : tu peux être psychotique sans jamais décompenser, ou connaître des phases de décompensation plus ou moins intenses, jusqu’à être complètement dans ton monde. Beaucoup de psychotiques font leur première décompensation entre 18 et 25 ans, souvent à l’université. Cela semble lié au stress, au déménagement, à la rupture avec le cercle social habituel, à l’isolement ou à la pression académique.
On ne sait pas encore exactement pourquoi certains sont plutôt névrosés et d’autres plutôt psychotiques. On estime qu’environ 70 % de la vulnérabilité est génétique, mais l’environnement joue aussi un rôle majeur. C’est une belle illustration du fameux combat entre l’inné et l’acquis.
Comme certains vont se poser la question, je me lance. Ce qui a le plus pesé dans la balance pour dire que la génétique joue un rôle important, ce sont les grandes études sur les jumeaux et les enfants adoptés. On voit par exemple que si un jumeau monozygote développe une schizophrénie, l’autre a environ une chance sur deux d’en avoir une aussi, alors que pour les jumeaux dizygotes on tombe plutôt autour de 10 à 15 %. C’est de là que vient l’estimation des fameux 70 % d’héritabilité. Les études d’adoption disent la même chose : même quand un enfant à risque est élevé dans un milieu sain, il reste beaucoup plus exposé que la population générale. Bref, il faut une certaine vulnérabilité génétique et un certain contexte de vie pour que ça se déclenche.
Donc pour répondre à te question, tu ne peux pas attraper une maladie psy comme un rhume. En revanche si tu as des vulnérabilités, fréquenter des gens instables peut agir sur toi (ou pas) comme un stress déclencheur (l'environnement cumulé à une vulnérabilité).
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J'aime la prise de recul de la dernière phrase. Effectivement, on peut envisager que des violences physiques, sexuelles et psychologiques exercées du berceau jusqu'à leur majorité par l'autorité parentale pourrait avoir une certaine incidence sur leur bonne santé mentale...
A ce niveau, on peut se demander si c'est de la prudence ou de la pudibonderie : le lien entre maltraitance et maladie type schizophrénie est assez bien documentée.
Par exemple :
psychiatriefes.org/recherche/revue-de-presse/la-relation-entre-la-maltraitance-infantile-et-la-psychose-chez-les-patients-schizophrenes-et-des-sujets-controles
Je pense que souvent c'est un cocktail des deux.
Dans le cas de l'anecdote les explications à la folie sont claires : un terrain génétique et un environnement très difficile. La simultanéité de la schizophrénie est plus intéressante. Ça peut s'expliquer par des facteurs génétiques, des facteurs métaboliques (24 ans c'est un âge où biologiquement la version adulte définitive d'un individu n'est pas encore réalisée, mais s'en approche), l'exposition à un pathogène, de la modélisation pathologique avec renforcement mutuel des symptômes (peut on mettre l'anecdote en relation avec l'histoire des soeurs Papin ?).
La littérature scientifique est très fournie sur le sujet et la majorité des hypothèses avancées parait crédible et s'entre alimentent.
(Cette question me paraît complètement con en pensant au personnel hospitalier psy mais tout de même :))
Les psychotiques, c’est différent : tu peux être psychotique sans jamais décompenser, ou connaître des phases de décompensation plus ou moins intenses, jusqu’à être complètement dans ton monde. Beaucoup de psychotiques font leur première décompensation entre 18 et 25 ans, souvent à l’université. Cela semble lié au stress, au déménagement, à la rupture avec le cercle social habituel, à l’isolement ou à la pression académique.
On ne sait pas encore exactement pourquoi certains sont plutôt névrosés et d’autres plutôt psychotiques. On estime qu’environ 70 % de la vulnérabilité est génétique, mais l’environnement joue aussi un rôle majeur. C’est une belle illustration du fameux combat entre l’inné et l’acquis.
Comme certains vont se poser la question, je me lance. Ce qui a le plus pesé dans la balance pour dire que la génétique joue un rôle important, ce sont les grandes études sur les jumeaux et les enfants adoptés. On voit par exemple que si un jumeau monozygote développe une schizophrénie, l’autre a environ une chance sur deux d’en avoir une aussi, alors que pour les jumeaux dizygotes on tombe plutôt autour de 10 à 15 %. C’est de là que vient l’estimation des fameux 70 % d’héritabilité. Les études d’adoption disent la même chose : même quand un enfant à risque est élevé dans un milieu sain, il reste beaucoup plus exposé que la population générale. Bref, il faut une certaine vulnérabilité génétique et un certain contexte de vie pour que ça se déclenche.
Donc pour répondre à te question, tu ne peux pas attraper une maladie psy comme un rhume. En revanche si tu as des vulnérabilités, fréquenter des gens instables peut agir sur toi (ou pas) comme un stress déclencheur (l'environnement cumulé à une vulnérabilité).
D'expérience personnelle, le générique joue un rôle minime. Il y a des grands, des petits, des costauds et des rachitiques certes déterminés par la génétique, sans que cela ne soit pathologique.
En revanche un cadre toxique, avec des parents maltraitants déclenche bien souvent de gros problèmes psy...
Quant à la comparaison avec côtoyer des gens psychotiques et le devenir, comme vu dans un commentaire plus haut, est vide de sens. Tout dépend si vous êtes infirmier en psychiatrie, et là, bien entendu, le risque est nul. Ou si vos deux parents sont psychotiques et vous bercent dans la folie dès que vous commencez à téter.
Je préfère parler d'angoisse familiale.
Et à comme dans toute situation vécue, on a tous nos limites, jusqu'à pouvoir disjoncter.
Quant à ceux qui disent que cela viendrait à la fois de facteur génétique et de traumatisme vécu, c'est vraiment ne pas se mouiller et rester conformiste à l'avis de ceux qui n'ont pas d'expérience (vécu) dans la maltraitance, et qui pourtant se permettent d'affirmer des choses car ils ont besoin de faire croire qu'ils savent (bcp de médecins là dedans...).
Bref, voilà un commentaire un peu acerbe, mais qui s'explique aisément par le fait de se sentir incompris.
Cordialement.
J'ai une sœur jumelle, nous avons des prises de consciences en même temps alors que nous ne nous côtoyons pas...
J'aimerai aussi comprendre comment des gens qui disent que c'est multi factoriel "ne se mouillent pas". En quoi ce serait "se mouiller" que de donner des arguments scientifiques, basés sur l'expérimentation scientifique (et non sur l'expérience personnelle) ?
On ne parle pas là d'une idée ou d'une conviction, mais de faits scientifiques, de protocoles précis, d'études sur des milliers de cas, qui ont permis de démontrer, plutot que d'affirmer des sans savoir
En revanche le terme de névrose, renvoi à des concepts psychanalytiques franchement dépassés et j'ai du mal à comprendre que tu l'utilises au milieu de ton commentaire scientifique et moderne.
Tu tires un peu vite des conclusions pour ne pas te remettre en cause, ça aussi c'est un manque de courage qui t'évite l'eau tiède.
Fait scientifiques, protocole précis, en psychologie, laisse moi rire. Études sur des milliers de cas alors qu'on ne parle que d'un seul cas ici...
Si sur des jumeaux monozygotes les deux deux étaient systématiquement psychotiques quand l'un l'est alors oui... Mais c'est pas le cas et on le sait tous. De plus, on parle aussi dans cet article de maltraitance que les jumelles ont subis.
On sait aussi depuis très très longtemps que la maltraitance rend fou. D'où les nombreuses expressions qui en découlent.
J'énonce simplement quelque chose en contradiction avec ta pensée et ce que les autres t'ont appris, et comme toi tu veux savoir sans chercher, tu ridiculises mes expériences.
De toute manière, toutes les grandes découvertes ont d'abord été ridiculisées avant d'être reconnues. C'est dans la nature humaine d'être peureux et d'avoir de l'ego et de diminuer les autres.
Et tu me fais rire si tu crois qu'on a découvert tout ce qu'il y a savoir sur les maladies mentales, avec des découvertes "scientifiques", souvent très biaisés (comme dans cet article).
Et pour faire simple, quand je dis que c'est ne pas se mouiller, quand on parle de causes multi factorielles pour les psychoses, c'est surtout les médecins qui n'ont aucun courage pour la plupart (pas tous hein) et qui veulent savoir sans savoir car ils ont peur de reconnaître leurs limite, et de dire "je ne sais pas", après 10 ans d'études et reconnaître qu'ils n'en savent pas plus qu'une personne lambda.
Si la schizophrénie était génétique, ce serait la maladie génétique la plus morbide qui soit. Elle touche près de 3% de la population, et ça ferait bien bien longtemps que les gènes impliqués dedans auraient été identifié...
De plus ce n'est pas logique que ça le soit, je te laisse méditer là-dessus...