Un tableau et une histoire conjugale

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"Red, black and silver" est sans doute le dernier tableau de Jackson Pollock, réalisé pour sa maitresse. Il mourut sans le signer et sa femme ne reconnut jamais le tableau, afin qu'il n'ait aucune valeur. Une récente analyse semble toutefois confirmer son authenticité, s'appuyant sur des fibres retrouvées sur le tableau venant de l'atelier de l'artiste.


Tous les commentaires (50)

a écrit : Je crois que comme beaucoup, tu associe l'idée d’œuvre d'art à celle de complexité et surtout à celle d'effort. Je pense que c'est une erreur qui nous vient de la culture du travail (on n'a rien sans rien, no pain no gain...). Or l'art est le contraire du travail, de la réponse à une nécessité, l'art est gratuit.

Il faut savoir que Pollock a commencé par le dessin d'observation réaliste et qu'il a fréquenté plusieurs écoles d'art. D'ailleurs ses toiles qui se vendent à 200 millions de dollars, il n'a jamais connu ça. Il a vécu toute se vie dans la pauvreté et n'a été reconnu que tardivement. S'il peignait de cette façon, c'est qu'il y croyait, qu'il ne voulait pas rentrer dans le cadre, alors même que son art lui rapportait à peine de quoi manger.
Tu parles du "Sacre de Napoléon" et c'est intéressant, ce tableau est une commande, comme quand tu commandes une bûche de Noël chez ton boulanger et que tu vas la chercher une semaine plus tard.
Qui est vraiment dans une démarche artistique ? Celui qui, comme un artisan, livre une œuvre commandée, aussi réussie soit-elle, ou celui qui produit un art qui ne correspond qu'à ses envies profondes et ne lui permet même pas d'en vivre ?

On peut également évoquer le peintre Malevitch et son fameux "carré noir sur fond blanc". Cela ressemble exactement à ce que tu imagines si tu ne connais pas ce tableau: un carré noir sur un fond blanc... Mais avant de peindre ça, ce type peignait des sujets figuratifs, dans la plus pure tradition impressionniste, que tu aurais qualifié de très maitrisés (Spring garden in blossom, par exemple). Et si il en est venu au suprématisme, à l'abstraction, c'est qu'il pensait réellement être au bout d'un processus, qu'il avait épuisé le sujet figuratif.
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Evidemment que dans l'art il y a des abus, il y a du blanchiment d'argent avec parfois le "gonflement" du prix de certaines oeuvres, etc.
Il existe également de la "fumisterie" avec de l'art qui se veut réfléchie et qui ne l'est pas tant que ça.

Puis il existe tout de même l'art véritable, qui donne des émotions, qui fait ressentir quelquechose et je rejoins tout ton commentaire la-dessus. J'ai pendant longtemps été très critique envers l'art abstrait et l'art contemporain car comme tu le dis, je faisais l'amalgame entre l'artisan et l'artiste qui ont tout les deux du talent. J'aimais les oeuvres d'artisan, celles bien faites, avec le bon coup de pinceau et l'oeil acéré. Je trouvais l'art abstrait débile et sans intérêt.
J'ai ensuite aimer l'impressionnisme car l'artisan devenait artiste tout en gardant une technique incroyable. On commençait à dépasser le simple fait de représenter quelquechose. On y ajoute du mouvement, des émotions, de la "température", on peint un "moment" plutôt qu'une scène.

Puis un jour je suis allé voir une expo de Kandinsky. Je suis resté scotché plusieurs minutes devant chaque tableau. Les toiles abstraites m'évoquaient des souvenirs, des moments, des personnes alors que pourtant elles ne représentent rien de précis. J'ai compris alors que la dimension relative de l'art n'était pas à négliger et que l'art abstrait pouvait aussi nous emmener quelque part.

Pas tous les peintres, pas toutes les oeuvres, certainement pas avec tout le monde et encore moins au même endroit. Et si Picasso et Polock ne m'emmène nulle part, Kandinsky me fait voyager. C'est aussi ça l'art. Accepter de ne pas faire partie de certains voyages.

a écrit : Je ne crois pas manquer de sensibilité artistique, ni même d'ouverture d'esprit... mais ça, je crois que personne ne pourra jamais me convaincre que ce n'est pas une fumisterie. Merci pour ton juste commentaire.

Opération "Long Least"....
Ou comment Jackson Pollock fut un des visages de la CIA, dans la Guerre Froide Culturelle, entre les États-Unis et l'URSS.

Pollock avait tout pour représenter le cow boy macho Idéal Américain de cette époque post seconde guerre mondiale. Son nom de famille était typiquement US, il était né dans la même ville que Buffalo Bill, et son style pictural était celui qui, surtout !, permettait d'être interprété comme ...bon il semble, par la critique dite professionnelle.

Si d'aucun voulait dire que son style exprimait la Liberté individuelle, en avant ! ...tant que l'expressionnisme abstrait de peintres américains permettait de s'opposer au dirigisme Culturel et Artistique qui provenait directement des décisions des élites de Moscou (*), tout était bon.

Les quatre principaux acteurs de cette Bataille Culturelle USA-URSS, orquestrée par la CIA, furent la collectionneuse d'Art Peggy Guggenheim, le multimillionnaire Nelson Rockfeller, le critique Clement Greenberg, et le Musée d'Art Moderne de New York (MoMa).

Bien trop long à développer, je vous ramène à deux articles (en Anglais et en espagnol) fourmillant de détails:
www.infobae.com/cultura/2021/02/27/jackson-pollock-y-la-cia-la-historia-secreta-de-como-eeuu-gano-la-guerra-fria-cultural/

daily.jstor.org/was-modern-art-really-a-cia-psy-op/

A vous de vous faire une opinion.

(*) L'URSS avait fait développer deux principaux style artistiques en matière de peinture: le Constructivisme et le Réalisme Socialiste.

Pour revenir sur des sujets plus légers comme l'art, Pollock était surnommé "Jack the dripper" (jeux de mot avec Jack the reaper et la technique du dripping que Pollock avait inventé).

Fumisterie ou pas (je n'en sais rien), il est vite devenu évident que Pollock détestait les critiques d'art et les analyses. C'est pourquoi il a vite arrêté de nommer ces tableaux et les a plutôt numérotés.

Enfin, Lee Krasner, la femme de Pollock dont il est question dans l'anecdote était également une peintre renommée dans l'art abstrait. Ces tableaux se vendent encore aujourd'hui pour des prix élevés. C'est d'ailleurs elle qui le fera rencontrer ses amis Guggenheim et Greenberg qui participeront à la renommée de Pollock.

On dirait un oiseau posé dans des broussailles givrées et pour le rouge, j'en sais rien, mais je trouve ce tableau très joli.

Merci beaucoup, tybs, époxy, nomatters et les autres pour vos riches commentaires. On a de la chance de vous avoir ici, prenez soin de vous.

a écrit : et on le voit bien ici, puisque sa ferme à refusé de le reconnaître. J'imagine que c'est un moyen de le garder pour elle plutôt que d'en faire un pécule, et, si c'est le cas, je trouve ça très romantique. Je crois surtout qu’elle voulait que cette peinture réalisée pour la maîtresse de son mari ne vale pas un clou et ne soit jamais vue par le grand public. On ne peut pas l’en blâmer d’ailleurs…

a écrit : Les goûts et les couleurs, quoiqu'on en dise.
Personnellement, j'aime beaucoup.
Oui, c'est ce que je me disais... J'aime beaucoup aussi.
Après, je ne dépenserais pas 50 millions pour l'acquérir.
Et j'ai du mal à me convaincre que derrière ça, il y a de la technique, de la recherche, une "âme".
C'est le genre de tableau que j'aime trouver à 30€ chez Ikéa.

a écrit : On dirait un oiseau posé dans des broussailles givrées et pour le rouge, j'en sais rien, mais je trouve ce tableau très joli. Moi je vois une otarie qui danse dans un tourbillon de sang. Mais j'aime quand même... Va savoir.

a écrit : Beaucoup d’artistes ont eux même dénoncé ce phénomène. Je ne connais pas tout les détails mais Banksy a plusieurs fois confronté ses œuvres au marché, en dehors des influences du milieu de l’art, et tant l’intérêt que la valeur des tableaux ont fortement diminué à ces occasions.
La merde d’artiste de Piero Manzon
i est également une des meilleurs critique de ce système.
Bien sûre qu’il y a un côté risible et une forme de snobisme/élitisme dans les cotes de beaucoup d’œuvres, aussi originales ou belles soient elles.

www.ouest-france.fr/culture/insolite-banksy-brade-ses-oeuvres-dans-les-rues-de-new-york-1623989

fr.wikipedia.org/wiki/Merde_d'artiste?wprov=sfti1#
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Un très bon reportage sur et de Bankys et Mr Brainwash montre bien le délire autour de l'art, il s'appelle Exit through the gift shop et rien qu'avec le titre on comprend bien ou ca veut en venir.
A la belle epoque du street art j'avais eu la chance de rencontrer au détour d'une rue Shepard Fairey connu pour son slogan Obey et ce qui m'avais frappé ce qu'ils (les originaux en tout cas) voulaient juste faire leur art, c'est le monde autour qui se fait de l'argent sur eux et qui les corrompt parfois (Parfois? Toujours?).
Sur son site web, Banksy pour mettre le doigts dessus distribuait (je ne sais pas si c'est encore le cas) ses visuels en HQ pour que tout le monde les reproduise en demandeant juste de ne pas en faire du profit.
Sinon comme bouquin il y a : l'autre art contemporain de Benjamin Olivennes avec le 4ieme de couverture qui commence par : "Sommes nous condamnés à subir encore longtemps l'escroquerie de l'art contemporain?. Je conseille.

a écrit : Moi je vois une otarie qui danse dans un tourbillon de sang. Mais j'aime quand même... Va savoir. Hihi
Moi je vois un ours funambule

a écrit : Je crois surtout qu’elle voulait que cette peinture réalisée pour la maîtresse de son mari ne vale pas un clou et ne soit jamais vue par le grand public. On ne peut pas l’en blâmer d’ailleurs… Pour moi, c'est le commentaire le plus sensé de l'anecdote, après si vous voulez que je dise ce que je pense de cette œuvre, je décline toute responsabilité.

a écrit : Moi je vois une otarie qui danse dans un tourbillon de sang. Mais j'aime quand même... Va savoir. Moi je vois une puce ou une blatte dans du sang

Sacré principe. Devoir chercher des preuves que le tableau est réalisé par X pour savoir si c’est cher ou pas. Soit c’est beau, soit ça ne l’est pas. Je ne comprendrais sûrement jamais l’art, et surtout le business de défiscalisation qui tourne autour…

Je ne comprenais pas pourquoi sa femme avait refusé de l’authentifier : il l’avait offert à sa maîtresse juste avant de mourir :-)

a écrit : À propos de la sempiternelle et inepte sentence « les goûts et les couleurs, Gnagnagna… »:
youtu.be/0oFJUJqBnLQ?si=5El20HAF4pQJJ26s

À lire sur l’art contemporain:
Philippe Muray - L’empire du bien
Paul Audi - Discours sur la légitimation actuelle de l’artiste

À écout
er sur la FIAC:
youtu.be/LAVGQ-bXUyM?si=4V9OWNeC1PtdfHdG
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Ce qui est dommage est de n'écouter/lire que ce en quoi on adhère déjà. Un biais de confirmation manifeste. La preuve avec la vidéo de l'émission "Apostrophe" (pas le temps de regarder l'autre vidéo à l'heure ou j'écris) où on n'entend que les hypothèses de Pierre Bourdieux alors que l'invité suivant semblait avoir un discours différent.

a écrit : Tu crois vraiment ce que tu as écrit, ou c'est juste pour te moquer? et toi, tu ne t'es jamais posé la question que tous les goûts sont dans la nature et que la sensibilité varie d'un individu à l'autre ? et à aucun moment tu ne te dis que si cet artiste a du succès que tu ne comprends pas (moi non plus d'ailleurs), c'est pour d'autres raisons que le manque de talent de cet artiste ?
personnellement, je ne connais rien à la peinture, je ne sais pas si cet artiste est talentueux ou pas (que ce soit pour sa technique, sa vision, ou même le"marketing"qui est important dans l'art et demande également du talent), en revanche j'ai l'humilité de me savoir que l'on jugement n'est pas pertinent

a écrit : Je crois surtout qu’elle voulait que cette peinture réalisée pour la maîtresse de son mari ne vale pas un clou et ne soit jamais vue par le grand public. On ne peut pas l’en blâmer d’ailleurs… le fait qu'il ait être peint pour sa rivale m'avait échappé, ça change tout effectivement !