Si l'orthographe française est compliquée, c'est historiquement volontaire. En 1694, dans les cahiers préparatoires du tout premier dictionnaire de l’Académie française, il était écrit : « L’orthographe servira à distinguer les gens de lettres des ignorants et des simples femmes ».
L’orthographe a longtemps été décidée par et pour les lettrés, qui connaissaient le latin et souvent le grec. Ses conventions complexes ont rarement été simplifiées, et le français écrit, avec ses lettres et marqueurs muets, demeure une langue difficile à s’approprier.
Tous les commentaires (99)
Monté de la chaîne YouTube Linguisticæ évoque ces sujets, et bien mieux que moi. Ses vidéos sont très intéressantes.
Il explique d'ailleurs en quoi l'orthographe a été et est utilisée comme outil de domination (vidéos sur l'Académie française et sur les grammar nazis.)
"Les mains oisives font des têtes actives" écrivait déjà Spinoza. Et on ne rappellera pas non plus l’étymologie du mot école, (mais en fait si, on va le faire...) que partagent toutes les langues latines et germaniques et qui voulait dire à l'origine "période sans travail" ou encore "loisir".
Par contre, je ne suis pas d'accord sur ta dernière phrase. Je ne ressens pas dans les commentaires de ceux qui défendent l'orthographe une volonté de se sentir supérieur. Ca serait bien d'arrêter ce clivage qui pollue le débat à mon sens. Pour ma part, j'y vois comme certains l'importance de pouvoir apporter de la précision, de la nuance.
Pour ma part, je ne suis pas contre une certaine simplification tant qu'elle reste de l'ordre de la logique (je suis scientifique, je n'y peux rien). Le souci, c'est de maitriser jusqu'où doit aller la simplification. Dans un monde où les réseaux sociaux sont des caisses de résonance populaire trés puissantes, je ne suis pas sûr que la langue française sortirait victorieuse d'un tel débat...
Ensuite les mots ne se prononcent pas comme ils s’écrivent : tear, bear, pear, Lear... Ils se prononcent pour les uns « tire » ou « père ». La méthode globale est donc bien adaptée à l’anglais.
Quand à la discrimination en Grande Bretagne, elle est faite sur l’accent. Ma belle-mère britannique est capable de reconnaître quelqu’un du « bon » ou du « mauvais » côté de Coventry à l’oreille ! Les élèves d’une certaine classe sociale et d’un lieu géographique déterminé se voient enseignés dans la langue qu’ils pratiquent et restent ainsi identifiables. Franchement je préfère le système français même s’il est en décrépitude.
Mais bref. Ce qui me gène, c'est cette volonté de nivellement pas le bas parce qu'on n'accepte pas de moins maitriser les choses que d'autres... que du coup on critique en les traitant d'élite.
Personnellement, j'aime bien l'Histoire, mais je suis nul car incapable de retenir une date. Et bien tant pis, je vais pas militer pour dire que les dates ne servent à rien tant qu'on a la chronologie approximative.
Pour vous répondre, oui, un académicien (ou sans aller aussi loin, aussi des gens sur ce site) pourrait me dire que je ne maitrise pas assez l'orthographe par rapport à lui. Et alors? Est-ce que du coup je dois affirmer que le bon niveau d'orthographe est le mien? que moins bien, c'est des imbéciles; et mieux des élites hautaines ?
Quitte à aller plus loin et digresser largement, je vais raconter une autre anecdote : je viens d'une région riche en grottes. Une d'entre elle s'est ouverte au public il y a 6 ou 7 ans. La grotte fait plusieurs centaines de mètres, mais seulement 10% sont visitables. Pourquoi ? parce qu'il fallait que la partie publique soit accessible aux chaises roulantes. Je n'ai bien sûr rien contre les handicapés, mais j'avoue que j'ai été un peu choqué qu'on empêche la majorité des gens d'accéder à un bien culturel pour cette raison. Tout faire pour que les chaises roulantes aient le + de facilité et d'accès, je milite ! Interdire des infrastructures car pas accessibles à tous, j'adhère moins.
Désolé pour la longueur et les fautes, je ne dois être qu'une demi-élite.
Quand je fais référence à des personnes qui s'enorguillissent, j'ose espérer que c'est une faible quantité, mais il m'est arrivé bien trop souvent et d'en croiser et de me faire démonter inutilement sur ces aspects là alors que le fond des propos n'était pas abordé. Ca existe, ca se croise, parmi des profs que j'ai eu, d'autres qui ont été des collègues etc... néanmoins, et c'est très bien ainsi, ce genre de dérive est relativement absent sur cette application.
Il n'empêche que cette dérive est très franco-française, en fait il n'y a a ce jour que un néerlandais qui m'a fait ce type de réflexion sur mes rapports, il ne supportait pas quelques oublis de 's' en anglais... Passons, de toute façon côté sciences il pedalait tellement à côté du vélo que ca en était plus comique qu'autre chose.
Malgré les difficultés en orthographe, je m'en suis sorti, je n'ai pas à me plaindre. Par contre, globalement, j'ai eu pas mal d'amis excellents en sciences qui ont été tellement pénalisés par le français/orthographe qu'ils n'ont pas pu arriver à leur plein potentiel... Alors qu'a côté de ca, j'ai trop souvent côtoyé des collègues particulièrement médiocres dans leurs métiers mais qui avaient été embauchés sur la base de diplômes (ingénieur notamment) obtenu par une réussite aux épreuves littéraires des concours... Ce biais est bien dommage... Après souvent ce type de profil délaisse rapidement les sciences pour 'manager' ou faire un master de commerce ce qui résout partiellement la situation. Reste des personnes qui auraient pu être brillantes mais qui auront été recalees sur des critères qui me semblent injustes.
L'orthographe en France est bel et bien un outil de domination et d'humiliation. Il n'y a qu'à lire quelques uns des top commentaires de cette anecdote qui sont boursouflés de prétention et d’autosuffisance.
On remarquera qu'il n'y a qu'en France (à mon humble connaissance) où on demande des lettres de motivation pour un emploi de femme de ménage.
C'est précisément à cette exigence que vos interventions ne répondent pas.
Pour ceux que ça intéresse, Lorant Deutch a écrit un livre sur le cheminement de la langue française qui explique pas mal de choses.
De l'origine latine jusqu'à l'introduction de mots anglais comme mail etc.
Au contraire, son rayonnement sera encore plus fort.
Beaumarchais dans son œuvre est très féministe avant l'heure également. Eu égard Les noces de Figaro
Puis, vient enfin le temps où l'on savoure ce qu'il reste du texte : la syntaxe, les mots choisis, l'idée mise en valeur par le style...l'orthographe est un beau vernis certes, mais il ne faut pas non plus s'y attacher comme un bigorneau à son rocher.